Sénat et APN se sont engagés, hier, à l'occasion de l'ouverture de la session du printemps à redynamiser le contrôle parlementaire, à accroître l'activité parlementaire et à sensibiliser le citoyen. Pour ce dernier travail de proximité, Abdelaziz Ziari exhorte les députés à aller sur le terrain à la rencontre des citoyens et de leurs revendications. Dans son allocution d'hier, le président de l'APN lance ce qui s'apparente avec une ouverture de la précampagne électorale. D'ailleurs, cela n'est pas passé inaperçu et a même suscité les interrogations des uns et des autres députés dont beaucoup ont cru comprendre que c'est là un message annonçant une imminente dissolution de l'APN. Cependant, le message du président de cette assemblée qui tout en "axant" son intervention sur "la contribution de l'élu à l'œuvre de stabilité et de cohésion sociales", appelle ses pairs à user de leurs "assises populaires". Une assise populaire improbable pour certains élus qui sont appelés à intervenir dans l'apaisement de la crise sociale et la contestation populaire par "l'action de proximité et du travail local dont les parlementaires de tous les bords politiques ont pour devoir de s'acquitter au sein de leurs circonscriptions respectives". M. Ziari insiste sur "la présence effective des élus parmi les citoyens de leurs circonscriptions" et compte sur "les liens permanents qu'ils se doivent de tisser avec eux, s'érigent en impératif absolu au regard de leur vocation à être des acteurs de premier plan dans la dynamique de développement national et de promotion sociale". Une image qui ne semble nullement refléter le cas de l'élu algérien, discrédité depuis par les électeurs et honni par la société à qui il a souvent tourné le dos pour ne s'en rappeler qu'à la veille des échéances électorales. D'ailleurs, M. Ziari met là le doigt sur une plaie béante causée par le peu de crédit dont jouit, désormais, la fonction élective, maculée par la fraude électorale, le manque de représentativité, mais surtout des promesses jamais tenues. Il fait pour cela référence aux prochaines échéances électorales en déclarant que "les élus doivent prendre conscience que la participation massive des citoyens aux consultations électorales est assujettie à leur propre efficacité et à la façon dont le citoyen perçoit l'utilité et la valeur de celui qui va le représenter". Abdelaziz Ziari qui reconnaît "diplomatiquement" le côté frêle des institutions algériennes, attribue ce "discrédit institutionnel" à l'absence d'"une forte participation aux scrutins électoraux" qui, selon lui, "renforce la fonction parlementaire et la fonction politique d'une façon générale, ce qui corollairement accroît la crédibilité des Institutions". M. Ziari avertit, à cet effet, que "si nous ne sommes pas au rendez-vous de ces exigences, le taux d'abstention au vote pourrait être plus élevé que celui observé par le passé". Simple constat prémonitoire ou réelle prise de conscience du danger que peut générer le détournement de la voix populaire et la dépravation des résultats de consultations et autres scrutins ? Les futures échéances nous renseigneront.