Photo : Riad Par Faouzia Ababsa Après un mois de relâche, le Parlement a repris officiellement ses travaux hier à l'occasion de l'ouverture de la session de printemps. La première cérémonie a été entamée au siège de l'Assemblée populaire nationale par une allocution du président de la troisième institution du pays. Nous noterons que c'est la première fois qu'Abdelaziz Ziari tient un discours éminemment politique. Il a reconnu l'illégitimité de l'APN en faisant clairement allusion au spectre de l'abstention qui a émaillé les élections législatives de 2007. Seuls 35% des électeurs, selon les chiffres officiels, avaient voté. M. Ziari n'a d'ailleurs pas caché sa crainte que les prochaines échéances électorales, qu'elles soient législatives ou locales ne connaissent le même sort que les précédentes. «[…] Une forte participation aux scrutins électoraux renforce la fonction parlementaire et la fonction politique d'une façon générale, ce qui corollairement accroît la crédibilité des institutions», a déclaré le président de l'APN. Et d'ajouter, à juste titre : «L'Etat n'est fort que par la force de ses institutions.» Ce qui n'est malheureusement pas le cas présentement. M. Ziari en a apparemment pris conscience puisqu'il reconnaît qu'«il ne peut y avoir de crédibilité des institutions élues sans une participation élevée aux scrutins électoraux qui les ont désignées». L'orateur ne manquera pas d'imputer la responsabilité aux partis politiques auxquels échoit justement la mobilisation des électeurs sur la base de leurs programmes respectifs. «[…] Partant de là, il est primordial que se mobilisent toutes les forces politiques pour parvenir à une participation élevée des citoyens aux élections, laquelle participation élevée ne peut être atteinte que si les élus ont prouvé leurs capacités à assumer les prérogatives, et que les institutions de l'Etat, œuvrant dans un esprit collaboratif et coordonnant leur action, valorisent les efforts ainsi consentis […].» Le troisième homme de l'Etat a esquissé une sorte d'interpellation aux élus. Lesquels, dira-t-il ? inquiet, «doivent prendre conscience que la participation massive des citoyens aux consultations électorales est assujettie à leur propre efficacité et à la façon dont le citoyen perçoit l'utilité et la valeur de celui qui va le présenté». Sur un autre registre, le président de l'APN n'a pas manqué d'aborder les récentes mesures sociales prises par les différents conseils des ministres. Des mesures dont il s'est félicité. Toutefois, il faut relever ici une contradiction. Ce sont là quasiment les mêmes mesures qui avaient été proposées en amendement des deux précédentes lois de finances et rejetées par la majorité parlementaire et dont le même président de l'APN s'est félicité. Il n'est d'ailleurs pas exclu qu'à la reprise de débats sur les projets de loi tels que celui portant code communal, les députés de la majorité commencent leurs interventions en saluant les mesures des Conseils des ministres auxquelles ils se sont eux-mêmes opposés dans un passé très récent. Pour sa part et en déclarant solennellement ouverte la session de printemps du Sénat, M. Bensalah s'est contenté d'aborder le bilan du Conseil de la nation, non sans en tracer les perspectives à travers non seulement l'examen des différents textes qui lui seront soumis, mais aussi à travers les activités qu'il compte initier nationalement et internationalement. Il faut rappeler que les parlementaires des deux Chambres auront à adopter les dernières ordonnances relatives à la levée de l'état d'urgence et à examiner les projets de loi portant code communal, l'organisation de la profession des avocats et celui de la sécurité sociale. Cela, mis à part les différentes séances consacrées aux questions orales. Et dans le cas où aucun autre projet de loi ne serait soumis par le gouvernement, l'APN notamment se contentera de visites des députés dans les wilayas, avant la clôture de la session de printemps. S'ensuivra alors l'adoption de la loi de finances complémentaire pour 2011 qui doit prendre en charge financièrement les dernières mesures et les différentes augmentations de salaires inhérentes aux statuts particuliers et autres régimes indemnitaires. Après cela, les députés qui sont, rappelons-le, issus de partis politiques, entreront de plain-pied dans la campagne électorale en prévision des législatives de 2012, désertant ainsi l'hémicycle.