Deux films algériens triomphent avant l'heure Ceci n'est pas le palmarès du Fespaco ( Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ougadougou) ; toutefois des ONG qui militent pour la promotion du cinéma africain ont décerné vendredi, donc un jour avant la clôture de ce festival ; trois prix pour deux films algériens. Il s'agit de " Voyage à Alger " de Abdelkrim bahloul, un film qui n'a pas encore été vu en Algérie mais qui a raflé des prix un peu partout et " Essaha " de Meziane Ouzid, une comédie qui a reçu deux trophées des Nations unis pour la culture et le cinéma. Selon la responsable de cette dernière ONG, " cette double distinction est toute méritée parce que c'est le seul film qui a semblé au jury représenter le mieux la lutte contre la pauvreté ". " Essaha " qu'on présente comme historique du fait que c'est la seule comédie spectaculaire signée en Algérie, s'en ira dès fin mars dans un autre festival, celui de Tétouan au Maroc. Quant à " Voyage à Alger " qui a tant voyagé, sa projection à Alger dépend selon son réalisateur de l'unique et bonne volonté du producteur et distributeur, Bachir Derrais. Du reste, le palmarès proprement dit de ce rendez-vous dans lequel pas moins de 12 films algériens ont participé a été donné tard dans la soirée d'hier, et pour des raisons de bouclage notre gazette vous en donnera les détails lundi matin. Nous avions déjà annoncé dans nos précédentes éditions que "Voyage à Alger " fut très apprécié et risquait même de revenir avec un trophée. Et d'ailleurs, l'accent était surtout mis sur les personnages "simples" du peuple, une femme et ses jeunes enfants, dans ce long métrage de fiction et ça pouvait " lui rapporter l'Etalon d'or de Yennenga ", avait estimé l'invité d'honneur de cette 22e édition, Elikia M'bokolo en marge de la projection du film. Questionné sur les chances du film de décrocher la distinction suprême du Fespaco, cet historien congolais spécialisé de l'Afrique a considéré que l'accent mis sur des personnages simples, une femme et ses enfants, "peut émouvoir le jury". L'Algérie mise dans sa participation à la 22e biennale du Fespaco, sur le long métrage de Bahloul, a-t-on confié auprès de la délégation algérienne du ministère de la Culture. Ce film d'époque de Abdelkrim Bahloul, raconte les mésaventures d'une veuve de chahid en charge de ses six orphelins, opposée à un haut responsable voulant la dépouiller de ses biens. Cette histoire, vécue par la famille du réalisateur, se passe entre Saida, demeure de la veuve et de ses enfants, et Alger, où elle s'y rend pour dénoncer son bourreau au président de la République en personne. C'est Samia Meziane, la fille du comédien émérite Sid Ahmed Agoumi, qui interprète avec brio le rôle de la jeune maman, déterminée et intransigeante. Un rôle qui lui a valu, en août dernier, le prix de la meilleure interprétation féminine au festival du film francophone d'Angoulême, devant Sara forestier qui vient de décrocher le César de la meilleure actrice. Questionné sur les films qui figurent dans la liste des favoris après 4 jours de projection, M. M'bokolo a estimé que "le choix serait difficile, vu le nombre de beaux films, dont "Voyage à Alger", à cette 22e biennale", a-t-il noté. Il faut rappeler que " Voyage à Alger " a raflé deux distinctions aux journées cinématographiques de Carthage en septembre dernier. Essaha et Voyage à Alger gagnent les suffrages De même que le film de bahloul, " Essaha" a suscité dans l'ensemble des réactions positives chez les spectateurs, journalistes pour la plupart. En l'absence du réalisateur, cette première projection à l'attention de la presse s'est vue privée de débat. Malgré de mauvaises conditions de projection (le son notamment), les impressions des journalistes étaient dans l'ensemble positives, avec quelques différences dans l'appréhension du film, en fonction de leur région d'appartenance. Alors que les Africains subsahariens ont confié s'être reconnus dans les problèmes posés par le réalisateur, les Européens se sont par contre dits "surpris" par l'image d'une "Algérie moderne" véhiculée par le film. Même effet pour " Le voyage à Alger ", un petit film biographique qui raconte le déchirement d'une maman après l'indépendance. Du reste voici une info de taille : Plus de 5.000 places ont été vendues dans les quatre salles de cinéma de Ouagadougou qui projettent les films de la sélection officielle de la 22e édition du Fespaco (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ougadougou), depuis le début des projections selon la responsable de la Cellule recettes du festival, Aminata Boly. "Les quatre salles principales qui projettent les films des différentes sections de la sélection officielle, (Neerwaya, Burkina, Grand et petit Méliès et Oubri) ont vendu plus de 5000 places depuis le début des projections" a-t-elle assuré. Un chiffre qui ne reflète pas le taux de fréquentation des salles, puisqu'il faut inclure dans le calcul de ce taux les personnes accréditées (8 000 selon la responsable des accréditations). Une grande fete qui prouverait donc que le cinéma africain a encore de beaux jours devant lui.