Après "Essaha" de Dahmane Ouzid, une comédie musicale algérienne qui a ouvert le bal des projections du Fespaco ce dimanche, le "Voyage à Alger " de Abdelkrim Bahloul a beaucoup intéressé les festivaliers de Ouagadougou. "Essaha" qu'on présente comme la première comédie musicale dans l'histoire du cinéma algérien a suscité dans l'ensemble des réactions positives chez les spectateurs, journalistes pour la plupart. En l'absence du réalisateur, attendu lundi soir dans la capitale burkinabé, cette première projection à l'attention de la presse s'est vue privée de débat. Malgré de mauvaises conditions de projection (le son notamment), les impressions des journalistes étaient dans l'ensemble positives, avec quelques différences dans l'appréhension du film, en fonction de leur région d'appartenance. Alors que les Africains subsahariens ont confié s'être reconnus dans les problèmes posés par le réalisateur, les Européens se sont par contre dits "surpris" par l'image d'une "Algérie moderne" véhiculée par le film. Même effet pour " Le voyage à Alger ", un petit film biographique qui raconte le déchirement d'une maman après l'indépendance. Pour Natacha Songor, responsable de la programmation du Festival international du cinéma et de l'audiovisuel du Burundi, le film, en abordant "le désir de s'exiler", touche tous les Africains. Elle dit apprécier "cette note d'optimisme qui donne l'espoir de vouloir rester et de se battre pour faire quelque chose chez soi". Une vision partagée par Laure Malécot, journaliste et membre du Cna (Cinéma numérique ambulant), une association activant en France et dans plusieurs pays africains subsahariens. Elle a estimé que le "point fort" du film était justement ce message d'espoir : "rester c'est possible". Elle a, toutefois, reproché au réalisateur de vouloir "tout dire dans un seul film". Parler de tant de problèmes à la fois (exil, drogue, condition de la femme, conflit de générations, urbanisme) "encombre", à son avis, un film, jugeant son contenu "quelque peu moraliste". D'une durée de 1h 55, "Essaha" a déjà décroché le prix de la meilleure musique au Festival méditerranéen de Montpellier. Avec onze autres productions africaines, "Essaha" est en lice pour l'Etalon d'Or Yennenga, la plus haute distinction du Fespaco. Rappellons que l'Algérie, un hôte traditionnel du Fespaco, participe avec au moins 12 films à ce rendez-vous considéré comme le plus important en Afrique après celui de Marrakech.