Plus qu'une vingtaine de jours avant l'ouverture du plus grand festival du cinéma d'Afrique, la 22ème édition du festival panafricain du cinéma et de la télévision, appelé communément le FESPACO. Ce rendez-vous cinématographique africain qui est l'équivalent du festival de Marrakech au Maghreb et du festival de Cannes en Occident se déroulera dans la capitale Burkinabaise, Ougadougou du 26 au 05 mars prochain. Organisée sous le thème générique de " Cinéma africain et marchés ", cette manif englobera pas moins de 475 films venus de 28 pays africains dont 12 de l'Algérie qui seront en lice pour la distinction suprême de l'Etalon de Yennenga, un trophée qui a distingué en 2009 le cinéaste éthiopien Haïlé Germa. Habituée à ce festival, l'Algérie participera avec plus d'une dizaine de films entre long métrage, feuilleton et court métrage. Selon les organisateurs, la grande invention du FESPACO 2011 c'est en plus des traditionnelles compétitions officielles des films de fiction, courts métrages, documentaires, diaspora, séries télé vidéo, c'est l'intégration toujours en compétition des films des écoles de cinéma africain. Sans doute, il est à chercher dans ce petit fait nouveau des talents prometteurs tout en donnant la chance à tous les jeunes mécontents de l'Afrique une belle tribune d'expression. Notre pays ira avec ce qu'il a de plus frais, mais pas nécessairement de plus pathétique. Il y aura à l'affiche le fameux " Garagouz" de Abdenour Zahzah, un court métrage qui a raflé tant de trophées internationaux, de l'omnipotent, "Khouya " de Yanis Koussim toujours en court métrage, et bien sûr le film vidéo " Essaha " de Dahmane Ouzid porté au firmament par nos responsable ainsi que la presse qui semble-t-il, a cédé à l'enthousiasme de nos gouvernants culturels qui faut-il le rappeler sont loin d'être des critiques de cinéma mais de simples pourvoyeurs de fonds. Ce qui fait plus la réputation de " Essaha " ce n'est pas son fond mais plutôt sa forme qu'on a considéré comme la première comédie lyrique dans l'histoire de notre cinéma. "Voyage à Alger" le dernier-né de Abdelkrim Bahloul qui a déjà raflé des trophées dans d'autres festivals internationaux, fera également partie de la liste des films algériens aux côtés de "Dans le silence, je sens rouler la terre" de Mohamed Lakhdar Tati, "Le docker noir, Sembene Ousmane" de Fatma- Zohra Zamoum, "Le dernier Safar" de Djarmel Azizi, "Africa is back" qui est une épopée du PANAF version 2009 de Salem Brahimi et Chergui Kharroubi, "L'Afrique fait son cinéma à Alger" de Hadj Mohamed Fitas, "L'Afrique vu par..." dix réalisateurs africains, "London River, hommage à Sotigui Kouyate" de Rachid Bouchareb. Sotigui Kouyate un acteur africain excellent dans le moins bon " London River " a tragiquement trépassé l'an dernier, l'hommage sera donc posthume. Mais encore, ce rendez-vous cinématographique qui sera ponctué par des projections en plein air pour les communautés rurales, des conférences, des expo et….mettra en lice 18 longs métrages pour le Prix de l'Etalon d'Or dont trois du Burkina avec Missa Hébié (En attendant le vote), Sanou Kollo (Le Poids du serment), et Sarah Bougnain (Notre étrangère). Le Maroc de son côté sera présent avec trois films, l'Afrique du Sud, l'Egypte et le Mali avec deux films chacun ainsi que le Nigeria, la Côte d'Ivoire, le Mozambique, le Bénin et le Tchad présents avec un seul film. On remarquera sur le coup que la production cinématographique du continent est rarissime, puisque comme en Algérie, les pays d'Afrique n'ont pas un système de production performant qui les aide à multiplier leur création filmique. Un rendez-vous incontournable Incontournable rendez vous pour tous les professionnels du 7ème art d'Afrique, le FESPACO fêtait l'an dernier ses 40 ans d'existence. Les organisateurs voulaient que dorénavant, ce rendez - vous soit fêté sous le signe de la refondation en comble de ce festival. Pour cela, le thème majeur était "Cinéma africain, tourisme et patrimoine culturel " et dénommé aussi par sa mue " FESPACO Vision 21". Ils le voulaient plus qu'un festival mais un " programme d'action traduisant la volonté d'apporter de petites révolutions qui, certainement, baliseront l'action du FESPACO de son temps, un FESPACO du XXIe siècle " notaient les organisateurs qui se montraient très sélectifs du fait que pour le pari de la qualité, ils avaient réduit le nombre de films en compétition de 18 à 14 ainsi que le nombre de personnes qui participeront à l'organisation. Les badges ne se donnaient pas automatiquement, ni le droit aux salles obscures. Lyès Salem avait raflé le prix spécial du jury pour son "Mascarades. "Très bien accueillis en Algérie comme ailleurs, les deux films algériens qui étaient en compétition, cassent avec le courant révolutionnaire et l'urgence du terrorisme comme priorités des thèmes qui avaient prévalues d'abord dans les années 70/80, ensuite dans les années 90/2000. Les deux réalisateurs Lyès Salem et Amor Hakkar qui ont deux visions différentes du 7ème art, le premier à travers son film s'est voulu résolument populaire, alors que le second a tenté de donner une solution très forte à une âme en peine suite à la perte d'un enfant. Résolument poétique, "La maison jaune " de Amor Hakkar contrairement à " Mascarades " qui prend cas des situations burlesques qui prêtent parfois à rire, parfois à réfléchir, est un condensé de sensations fortes. "La maison jaune" est un petit poème sincère qui touche et qui donne en même temps un soupçon d'espoir à tous les êtres qui souffrent. Les organisateurs rêvent d'un FESPACO autonome, africain, panafricain et international. Le 40e anniversaire du FESPACO sera, ils le voulaient comme tremplin à une plate-forme expérimentale pour "Vision 21 ", et le FESPACO de demain plus présent, plus visible et plus rayonnant. La nouvelle vision veut faire du FESPACO une institution et un événement. Beaucoup a été donc dit pendant cette date anniversaire mais jusqu'à ce jour, le Fespaco n'a pas tenu toutes ses promesses et semble stagner dans les délires grandioses d'une fête continentale où le cinéma n'est pas une priorité du contient.