L'agriculture bio connaît une expansion phénoménale et rencontre un certain succès en Europe et en Amérique du Nord. En une décennie, les surfaces cultivées en bio dans le monde ont été multipliées par trois et demi entre 1999 et 2009, le nombre de producteurs bio par neuf et le chiffre d'affaires de ce marché par dix. En 2010, le chiffre d'affaires mondial des produits bio a atteint 54,9 milliards de dollars. Les surfaces bio cultivées dans l'Union Européenne ont atteint 9,2 millions d'ha en 2009 contre 8,5 millions en Amérique du Nord. Néanmoins en Afrique et en Algérie en particulier cette culture ne connaît pas le succès escompté. et un million d'ha seulement en Afrique. Le potentiel existe mais l'intérêt des agriculteurs fait défaut. Outre l'obtention d'un produit de qualité, l'agriculture bio protège aussi l'environnement et lutte contre la dégradation des sols. Pour rendre ces terres fertiles, les professionnels comptent sur l'utilisation d'amendement organique comme le fumier et le compost. Ce dernier est une biodégradation des déchets organiques en terreau réutilisable pour le jardinage. Néanmoins, cette forme de cultures demande énormément d'effort, pour une rentabilité limitée, ce qui n'est pas susceptible d'attirer les agriculteurs. Aussi, l'Algérie ne possède pas encore son propre organisme de certification de produits bio et une législation spécifique à cette agriculture. A l'époque où il était à la tête du département de l'agriculture, Saïd Barkat avait évoqué la possibilité de lancer une agriculture bio. Ce projet semble être relancé aujourd'hui. Ainsi, Kheirddine Skour, responsable au ministère de l'Agriculture et du Développement rural chargé de la protection des sols des zones arides et semi-arides a indiqué hier que plusieurs parcelles d'une superficie globale de 710 hectares (ha) ont été identifiées cette année à travers tout le territoire national pour les convertir à l'agriculture biologique, L'identification de ces terres a pour objectif de cibler l'accompagnement technique des exploitants en vue de convertir leurs superficies en culture bio, c'est à dire, faire des analyses du sol avant de certifier son caractère biologique. La priorité est donnée aux terres ayant une tendance vers le bio, c'est à dire, celles qui n'ont pas subi de fertilisation chimique par les engrais pendant au moins trois ans, une période nécessaire pour la conversion d'une terre vers le bio. Certaines superficies identifiées sont à deux années de conversion, explique-t-il. Le nombre de wilayas qui ont identifié des sites pour produire "bio" est passé de 7 lors de la campagne 2009/10 à 12 cette saison. "Il existe des potentialités énormes en Algérie pour pratiquer ce mode de culture parce que les agriculteurs n'utilisent pas beaucoup d'engrais et de pesticides notamment dans les zones de montagne", a souligné M. Sekour. Parmi les sites inscrits dans la campagne précédente, 6 ha pour la plantation d'oliviers et d'amandiers à Guelma, 18 ha pour les céréales à Relizane, 10 ha pour l'oléiculture à Béjaïa, alors que 160 ha de Deglet Nour bio sont déjà entrés en production à Biskra et dont le produit, certifié par un organisme étranger, est exporté. Un exploitant de Skikda a consacré aussi 2 ha pour la production de l'ail et de l'oignon. Pour sensibiliser les agriculteurs et les techniciens sur l'importance de cette culture et les techniques de son développement, deux ateliers de formation sont prévus durant le mois en cours à Guelma et à Aïn Témouchent auxquels va participer une vingtaine de wilayas. "En utilisant les produits chimiques et la mécanisation intensive, on ne fait qu'appauvrir le sol en matières organiques, qui jouent un rôle de liaison dans le sol", a-t-il expliqué.