Entre l'entente sur les prix, qui est un acte interdit par la loi sur la concurrence, et l'imposition de la règle de la compétitivité par la fixation des marges bénéficiaires, c'est un dilemme. La dernière crise du sucre et de l'huile végétale a montré les imites de certains opérateurs. Beaucoup de ces producteurs avaient montré leurs " difficultés " à relever les défis de l'heure : maintenir la stabilité des prix. Une incapacité avérée qui a généré la protestation faisant gronder la rue. La décision gouvernementale imposant la réduction des prix a mis ces producteurs dans l'impossibilité de suivre les cours et faire face à la concurrence. Cela avait surtout permis de "projeter" Cevital en pôle position et faire de lui un opérateur dominant. Cela avait alors déplu à ses concurrents qui avaient dénoncé ce "monopole". Le consensus fait, lors des quatre derniers Conseils interministériels, par les opérateurs économiques présents à ces conclaves, autour des marges bénéficiaires, peut emmener à faire émerger le même producteur en position dominante et qui risque, comme par le passé, d'être assimilé à une position monopolistique, chose que la loi interdit, permettant à peine la prise de parts de marché à hauteur de 40%. De ce consensus, un décret fixant le plafonnement de ces prix et les marges bénéficiaires du sucre et des huiles alimentaires, imminemment attendu, avait été retenu. Il viendra aussi réactiver le Conseil de la concurrence, imposer la facturation et réorganiser les circuits de distribution pour évacuer l'informel. Cependant que la loi basique du marché qui est soumise à l'offre et la demande est "bafouée", ne risque-t-on pas de revivre le même scénario, celui où Cevital a été montrée du doigt et rappelée à l'ordre par le ministère du Commerce qui s'est ensuite rétracté en déclarant "inexistant le cas de monopole par le groupe de Issad Rebrab" ? Ce dernier producteur est, d'ailleurs, le seul opérateur à avoir réfuté ce projet de plafonnement et tourner le dos à l'idée consensuelle. Le patron de Cevital préfère, lui, laisser le marché soumis à l'offre et à la demande. C'est d'ailleurs la position affichée par ce producteur lors d'une récente rencontre entre le ministère du Commerce et les opérateurs économiques. Rebrab estime que "seule l'offre et la demande devraient définir les prix en proposant de maintenir leur plafonnement mais de laisser libres les marges bénéficiaires". Si ce décret favorise les consommateurs en stabilisant les prix au profit du citoyen et en fermant la porte aux spéculateurs, il contient, en contrepartie, le risque d'embarrasser certains opérateurs souhaitant dégager du cash flow leur permettant de réinvestir et lancer une course effrénée entre opérateurs à la réduction des coûts et par ricochet déclenchera une guerre de prix. Ce qui n'arrange sûrement pas les affaires des producteurs.