Le guide libyen Maammar El-Gueddafi a accusé lundi la France d'ingérence dans les affaires intérieures de son pays après que Paris ait déclaré son soutien au Conseil national libyen formé par des insurgés. Dans une interview à la chaîne de télévision France 24, le Colonel El-Gueddafi a commenté le soutien de Paris au Conseil national libyen, en s'exclamant: "Ca fait rire, cette ingérence dans les affaires intérieures. Et si nous, nous nous ingérions dans les affaires de la Corse, de la Sardaigne? (...)." Pour lui, ceux qui portent les armes actuellement à Benghazi sont "Al-Qaïda et ils n'ont aucune revendication économique ou politique". Le Conseil national libyen, mis en place par les représentants de l'insurrection qui s'oppose depuis le 15 février aux forces de Maammar Kadhafi, s'est réuni samedi et s'est déclaré "le seul représentant de la Libye". Ce Conseil "navigue sur la vague de l'islamisme. Si jamais les terroristes gagnent (...) Ils ne croient pas à la démocratie", a estimé le guide libyen. Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Bernard Valero avait affirmé dimanche que la France saluait "la création du Conseil national libyen". La France apporte "son soutien aux principes qui l'animent et aux objectifs qu'il s'assigne", a-t-il ajouté. Lors d'une visite dimanche en Egypte, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a déclaré qu'une intervention militaire en Libye aurait des "effets négatifs". "La France, mais aussi plusieurs de ses partenaires, ne sont pas favorables à une intervention militaire occidentale en Libye qui aurait des effets tout à fait négatifs", a-t-il dit lors d'une conférence de presse au Caire. Dans une interview au journal du dimanche, le Colonel Mouammar El Gueddadi a demandé qu'une commission d'enquête des Nations unies ou de l'Union africaine se rende en Libye pour constater la réalité qui prévaut sur le terrain. "Nous allons permettre à cette commission d'aller sur le terrain, sans aucune entrave", a-t-il assuré, soulignant que Paris "aurait dû être la première à envoyer une commission d'enquête". Notons que plus de 213.000 travailleurs étrangers ont déjà fui les violences en Libye et des centaines de milliers d'autres tentent de sortir du pays, a-t-on appris lundi auprès de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Une porte-parole de l'OIM, Jemini Pandya, a précisé que l'organisation avait besoin de 49,2 millions de dollars (35,1 millions d'euros) pour aider 65.000 migrants dans le cadre d'un appel d'urgence pour obtenir 160 millions de dollars (114 millions d'euros), qui devait être lancé par les Nations unies et d'autres organisations. D'après Jemini Pandya, environ 1,5 millions de travailleurs migrants travaillaient en Libye quand le soulèvement contre le régime de Moammar Kadhafi a commencé. Les insurgés contrôlent toujours les terminaux pétroliers de Brega et de Ras Lanouf mais craignent une attaque au sol des forces de Kadhafi, qui bombardent toujours. L'ONU demande un "accès urgent" aux victimes "blessées et mourantes" des bombardements menés par Kadhafi dans la ville de Misrata, 150 km à l'est de Tripoli. La Ligue arabe soutient le projet d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, affirme le Quai d'Orsay, au lendemain d'une rencontre entre son secrétaire général Amr Moussa et le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé.