Ceux qui ne sont pas allés voir l'excellente expo qui concerne le prix Nobel de littérature 2010, l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa au MAMA (Le Musée national des arts modernes et contemporains d'Alger) peuvent le faire et ça sera sûrement sans regret ! Le rendez-vous absolument inédit qui a ouvert ses portes le 03 mars dernier se poursuivra au même endroit jusqu'au 02 avril prochain. 30 jours pour découvrir un homme, ses engagements pour comprendre un peu l'œuvre gigantesque de cet écrivain dandy et prolifique à souhait ! Petite info utile : il faut savoir que l'expo en question a été montée en 2006 : elle s'inscrivait alors dans le cadre des manifestations du Bicentenaire des Indépendances d'Amérique latine Caraïbes 2010. Elle fut signée en liaison avec le Centro Cultural Universidad Católica del Perú. C'est donc un rendez-vous itinérant qui va atterrir chez nous sur initiative de la puissante AARC (Agence algérienne pour le rayonnement culturel), en partenariat avec la Maison de l'Amérique latine à Paris et le Centre culturel de l'université La Catolica de Lima. Le thème générique de l'expo est "Mario Vargas Llosa, la liberté et la vie" ; il s'agit donc de monter à travers une riche documentation les instants les plus forts de cet iconoclaste, passionné de la ville de Paris où il a décidé de vivre depuis des années, comme par fidélité à cet amour. Ce rendez-vous ambitionne de révéler au public l'itinéraire d'un écrivain exceptionnel natif du Pérou en l'an 1936 à travers une panoplie de photographies, de citations, d'extraits de ses romans, de ses essais et de sa correspondance avec d'autres écrivains, ainsi que d'objets provenant de sa résidence parisienne. Il faut donc bien ouvrir l'œil parce que c'est là les moments-clés de sa vie, et de la création d'une œuvre littéraire dense, polymorphe et audacieuse. Mario Vargas, Président ! Liberal avant l'heure, l'œuvre ainsi que la vie de cet écrivain fut marquée par un puissant engagement, un combat pour les idées et la défense de la liberté et de la démocratie là où elles sont menacées. " Le songe du celte " un dernier roman à paraitre prochainement chez le puissant Gallimard, serait sans doute une pièce qui manquera à cette formidable expo dans laquelle même les néophytes peuvent découvrir la trajectoire de l'écrivain depuis sa naissance en 1936 à Arequipa (Pérou) jusqu'à aujourd'hui, articulée autour de différents chapitres : le jeune rebelle, l'écrivain, l'homme politique, les trésors personnels, le journaliste, le lecteur ...c'est donc par thème que ce rendez-vous est fignolé pour pas trop se perdre dans les dédales d'une vie riche et florissante. C'est rare mais il l'a fait. Fort de son aura dans le monde littéraire et même politique, Mario Vargas décide en 1990 de se présenter aux élections présidentielle au Pérou. Fait d'autant plus rare puisque ce castriste chevronné qui fut déçu par le castrisme devient libéral et fonde juste après la révolution cubaine, un mouvement de droite démocratique au Pérou. Battu au second tour, il sera vite déçu. Très marqué par le Paris des années 60 où il eut certains quartiers comme Saint- Germain-des -Prés qui symbolisent la lutte- mais aussi la façon de vivre des existentialistes et des surréalistes, Mario Vargas Llosa qui entretient un rapport très fort avec la capitale parisienne disait à propos : " si je devais choisir une seule ville où vivre, je choisirais Londres. Mais Londres n'a pas produit chez moi cette passion que me produisit la découverte de Paris. Mes sept années parisiennes furent les plus décisives de ma vie. C'est là que je suis devenu écrivain, que j'ai découvert l'amour passion dont parlaient tant les surréalistes, là où j'ai été plus heureux, ou moins malheureux, que nulle part ailleurs (...). Je n'exagère pas si je dis que j'ai passé toute mon adolescence à rêver de Paris". Dans l'expo, le visiteur verra bien sûr la vie familiale, littérature intellectuelle, la liberté d'un homme qui n'a connu son père qu'à l'âge de 10 ans, le croyant mort. Il résidait alors à Piura, une ville du nord du Pérou et c'était là qu'il fait la connaissance de son père. Cette découverte et cette rencontre inédite auront un impact fondamental sur le développement spirituel du jeune garçon et sur son œuvre littéraire à venir. Dans les années 1960, il réside à Lima, Paris, Londres et Barcelone. Après un premier recueil de nouvelles, sa carrière littéraire s'envole en 1962 avec le succès mondial de La ville et les chiens, qui sera traduit dans plus de trente langues. En 1966 paraît son deuxième roman, La maison verte. On peut citer parmi la production qui suivra les romans Conversation à la cathédrale (1969), La tante Julia et le scribouillard (1977), La fête au bouc (2000), mais aussi du théâtre avec Kathie et l'Hippopotame (1983), La Chunga (1988) et des essais. Il entretient des correspondances avec les auteurs du "boom latino-américain": Julio Cortázar, Pablo Neruda, Carlos Fuentes, José Donoso... Il a notamment obtenu le prix Prince des Asturies (1986), le prix Cervantes (1994) et le prix Jérusalem (1955). Il collabore au quotidien madrilène El País, et sa rubrique "Piedra de toque" ("Pierre de touche") est reprise dans de nombreux journaux du monde entier. Il collabore également à la revue culturelle Letras Libres, publiée au Mexique et en Espagne. Comme beaucoup d'auteurs latino-américains, Vargas Llosa s'est engagé en politique tout au long de sa vie.