Les dirigeants de la zone euro se sont mis d'accord vendredi soir sur un "pacte pour l'euro" afin d'améliorer leur compétitivité, via notamment une maîtrise de la dépense publique et une modération salariale, dans le but d'éviter de nouvelles crises de la dette. "Nous avons un accord sur le Pacte pour l'euro", a annoncé le président de l'UE Herman Van Rompuy sur son compte Twitter, alors que les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union monétaire étaient réunis sur le sujet à Bruxelles. Il ne s'agit toutefois à ce stade "que d'un accord de principe" qui ne sera finalisé que lorsque toutes les mesures actuellement en discussion au sein de l'Union monétaire pour mettre en place un dispositif anti-crise auront été approuvées, a souligné un diplomate européen. Cette décision finale est attendue les 24 et 25 mars lors du prochain sommet de l'Union européenne à Bruxelles. Le pacte a pour objectif de renforcer la compétitivité et la convergence des économies européennes en poussant les gouvernements à les réformer, sur une base volontaire toutefois. Il reposera sur des engagements en matière de modération salariale dans le secteur public et de mécanismes de limitation de la dette publique en particulier. Les dirigeants de la zone euro devaient aussi parler lors de leur sommet de leur réponse d'ensemble face à la crise de la dette. Il s'agit de renforcer leur Fonds de soutien financier pour les pays en difficulté, de définir les contours du Mécanisme permanent appelé à lui succéder à partir de 2013, ou de décider d'un éventuel allègement des conditions de l'aide à l'Irlande et la Grèce. Dans ce cadre, les dirigeants européens ont salué les nouvelles mesures d'austérité annoncées vendredi par le Portugal, pour "garantir" la réduction de ses déficits. Parmi celles-ci, des économies dans le secteur de la santé, une nouvelle baisse des dépenses sociales, ou l'imposition d'un plafond de dépense pour les entreprises publiques. "Je considère cela comme un pas important", qui "est sûrement très utile pour les discussions", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel. Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a de son côté indiqué qu'il "saluait" et "soutenait" ces mesures, estimant qu'elles allaient contribuer à "mettre fin aux incertitudes" concernant le Portugal. La situation s'est tendue ces derniers jours sur les marchés obligataires pour les pays de la "périphérie" de la zone euro, alors que l'agence de notation financière Moody's a dégradé coup sur coup les notes de la Grèce et de l'Espagne. Les taux d'emprunt à dix ans des trois pays les plus fragiles --la Grèce, l'Irlande et le Portugal-- ont atteint vendredi de nouveaux plus hauts. Dans ce contexte, certains pays dont l'Allemagne ont fait pression sur ces pays pour obtenir des garanties allant dans le sens d'une plus grande discipline budgétaire. L'annonce de Lisbonne en ce sens pourrait aider à débloquer le reste des négociations, alors que les Européens peinent à avancer notamment sur le renforcement du Fonds de soutien. Ils butent sur les nouveaux instruments dont le Fonds pourrait être doté, et notamment sur l'option d'un rachat direct de la dette des pays en difficulté sur les marchés. L'Allemagne y est opposée. Confrontée à des échéances électorales régionales importantes, la chancelière allemande est sous pression au sein de sa majorité politique pour se montrer ferme sur ces sujets. La question d'une éventuelle baisse du taux d'intérêt que doivent verser l'Irlande et la Grèce en échange des prêts de l'UE n'est pas non plus tranchée. "Nous avons maintenant besoin de (...) décisions européennes fortes pour calmer les marchés", a plaidé le Premier ministre grec Georges Papandréou.