Les dirigeants européens ont bien progressé sur la solution à apporter à la crise de la dette de la zone euro, même s'il reste encore beaucoup de travail à faire, a déclaré lundi le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble. "Il y a encore beaucoup à faire, mais je crois que nous sommes en bonne voie pour tout finaliser d'ici la sommet de l'Union européenne prévu les 24 et 25 mars", a-t-il dit à des journalistes, à son arrivée lors d'une réunion de l'Eurogroupe à Bruxelles. Lors d'un sommet extraordinaire au cours du week-end, les chefs d'Etat et de gouvernement des pays utilisant l'euro ont notamment décidé de doper les capacités financières du fonds d'urgence et de lui permettre d'acheter des obligations de pays en difficulté sur le marché primaire. Ils ont par ailleurs adouci les conditions du plan d'aide à la Grèce, qui a aussi été allongé, alors que celles du plan de sauvetage irlandais seront revues lors du sommet des 24 et 25 mars, cette fois à 27 La zone euro attend de savoir à partir de lundi si les mesures qu'elle vient de décider pour renforcer son Fonds de soutien financier vont rassurer les marchés et va poursuivre son marathon pour prévenir de nouvelles crises avec des nouvelles réunions en début de semaine. Les ministres des Finances des 17 pays de l'Union monétaire se retrouvent lundi à 10H00 GMT. Ceux de l'ensemble de l'Union européenne se réunissent à partir de 14H00 GMT, puis à nouveau mardi. Il s'agit notamment de mettre en musique et d'approfondir les directives données par les chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro lors d'un sommet qui s'est achevé samedi à Bruxelles. Ceux-ci se sont mis d'accord pour porter à 440 milliards d'euros la capacité de prêt effective de leur Fonds de secours financier aux pays en difficulté, ainsi que pour doter de 500 milliards d'euros le mécanisme permanent qui lui succèdera à partir de mi-2013. Ils ont par ailleurs décidé d'élargir la palette d'outils des deux dispositifs d'aide, en leur permettant d'acheter directement de la dette publique émise par les Etats. Les dirigeants ont aussi accepté de faire un geste à l'égard de la Grèce, en réduisant de 5,2% en moyenne à 4,2% le taux d'intérêt des prêts européens à Athènes dans le cadre de son plan de sauvetage, et en allongeant de trois ans à sept ans et demi les délais de remboursement du pays. Enfin, ils ont adopté un "pacte pour l'euro" pour renforcer leur compétitivité en réformant leurs économies. Toutes ces mesures sont censées rassurer les marchés financiers, de nouveau très nerveux après plusieurs dégradations de notes des pays les plus fragiles par les agences de notations financières ces derniers jours. Le test sur les marchés aura lieu dès lundi. La réponse des dirigeants a été plus importante qu'attendu. La crainte était forte de les voir reporter la quasi-totalité des décisions à un nouveau sommet de l'UE les 24 et 25 mars, qui devra finaliser l'ensemble du nouveau dispositif européen contre la crise de la dette. Mais certains nouveaux outils envisagés pour le Fonds, par exemple la capacité d'accorder des lignes de crédit souples, ou le rachat de dette publique sur "le marché secondaire", n'ont pas fait l'objet d'un accord. Plusieurs points restent aussi à définir concernant les contours du futur mécanisme de stabilité. Les ministres devraient aussi reparler d'une éventuelle baisse des taux d'intérêt de l'Irlande, qui n'a pas pu faire l'objet d'un accord jusqu'ici car Dublin s'est opposé à toute augmentation de sa fiscalité sur les sociétés. Autre étape importante: les ministres des Finances de l'UE doivent approuver mardi une orientation générale sur un ensemble de propositions législatives visant à renforcer leur gouvernance économique. Ce vaste paquet de mesures a déjà fait l'objet d'un accord de principe sur ses grandes lignes à l'automne. Il s'agit de renforcer le Pacte de stabilité, qui encadre les politiques budgétaires européennes, notamment en punissant financièrement désormais en dernier ressort le dérapage de la dette, et plus seulement du déficit. Les propositions prévoient aussi la possibilité d'infliger des amendes aux Etats "en situation de déséquilibre excessif" en raison de politiques économiques jugées dangereuses.