Des avions émiratis étaient attendus hier sur une base italienne en Sardaigne, venant s'ajouter à la mobilisation aérienne et maritime en cours en Méditerranée pour rassembler les forces militaires nécessaires à l'opération "Aube de l'Odyssée" en Libye. La France, première à être intervenue militairement samedi sur le territoire libyen, a fait appareiller dimanche à 13h00 (12h00 GMT) du port méditerranéen de Toulon son porte-avions Charles-de-Gaulle. Le porte-avions devrait mettre 36 à 48 heures pour rejoindre les côtes libyennes. Son "groupe aérien" sera composé d'une quinzaine d'appareils, en majorité des Rafale ainsi que des Super Etendard, plus anciens. Le fleuron de la marine française sera escorté notamment par deux frégates, l'une anti-sous-marine, l'autre antiaérienne, un pétrolier ravitailleur. La Meuse, ainsi qu'un sous-marin nucléaire d'attaque. L'Italie, stratégique de par sa position géographique, a mis à disposition sept bases aériennes, dont une partie ont commencé à recevoir des forces de la coalition. Hier en milieu de journée, six chasseurs danois F-16 arrivés depuis samedi à Sigonella (Sicile) étaient prêts à décoller, selon le lieutenant-colonel Rocco Massimo Zafarana, porte-parole pour la partie italienne de la base. "Nous ne savons pas si d'autres avions arriveront en provenance d'autres pays, mais nous sommes prêts à les accueillir et à leur donner tout le soutien nécessaire", a-t-il indiqué. Des F-15 et F-16 américains sont également déjà déployés sur la base américaine de Sigonella. Sur le plan naval, les Américains disposent en Méditerranée de deux destroyers lance-missiles, le Barry et le Stout, équipés de missiles de croisière Tomahawk, et enverront mercredi le porte-hélicoptères Bataan et deux navires de soutien pour relever d'autres navires. Outre les avions émiratis attendus dimanche, la base de Decimomannu en Sardaigne a déjà accueilli samedi soir quatre F-18 de l'armée de l'air espagnole appartenant au 47e groupe Torrejon. "Nous sommes dans une phase logistique, pas encore opérationnelle, l'aéroport tout entier est maintenant prêt pour des développements ultérieurs", a indiqué le commandant de la base, le colonel Alfredo Nazzi, qui n'a pas exclu l'arrivée d'avions venant d'autres pays. La journée de samedi avait déjà été marquée par des mouvements et préparatifs dans des bases du nord et du sud de l'Italie. Trois avions radar AWACS ont été stationnés à Trapani (ouest de la Sicile) où ont été également rassemblés les Tornado ECR italiens habituellement stationnés à Piacenza (nord) et spécialisés dans la destruction de défenses antimissiles et de radars, ainsi que les Tornado IDS d'attaque de Ghedi (nord) et les chasseurs Eurofighter de Grosseto (centre). Enfin, huit avions canadiens sont également présents sur la base sicilienne de Trapani. Outre les quatre F-18 envoyés en Italie, opérationnels à partir de dimanche pour des missions de patrouille, le gouvernement espagnol a décidé de déployer une frégate F-100, un sous-marin S-74 et un avion de surveillance maritime CN-235, sous réserve de l'accord du parlement. Madrid s'était aussi engagé vendredi à mettre à disposition deux bases militaires à Rota et Moron de la Frontera dans le sud du pays. Dans l'immédiat, les alliés, qui ont exclu toute opération terrestre, se limitent à créer une coalition aérienne ad hoc. Un quartier général américain en Allemagne assure "une coordination" entre les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, mais l'attribution d'un commandement pour l'avenir - très politique - reste à définir. A 35 km à l'ouest de Benghazi des avions français ont frappé hier dès le lever du jour des dizaines de véhicules militaires stationnés des forces de Mouammar Kadhafi. L'opération aérienne menée par des avions de la coalition internationale, "des chasseurs français", selon les rebelles, a débuté vers 05H30 locales (O3H30 GMT) et a duré environ deux heures. Sur la route menant de Benghazi à Al Wayfiah, quatre à cinq chars sont immobilisés, parfois détruits. Des rebelles tentent de les faire redémarrer. R.I.