à 74 berges, Badi lalla, la légende vivante du tindi, musique ancestrale par excellence, va monter sur scéne pour fêter l'arriveé de l'or blanc sur la terre de Tinhinan. L'eau coulera à flot à Tam et c'est le ministre Sellal qui l'a dit lors d'une viste la semaine derrière dans la région. Figure emblématique des mélopées du désert, Badi lalla a annoncé qu'elle organisera un "grand concert" pour fêter l'eau dès que celle-ci coulera dans les robinets de Tamanrasset. Rencontrée à la cité populaire Hassi Lalla, cette artiste affirme avoir "côtoyé, durant de longues années de (sa) vie beaucoup de responsables et connu beaucoup de gouvernements, mais aucun d'eux ne s'est vraiment intéressé au problème de l'eau à Tamanrasset, jusqu'à l'arrivée du président Bouteflika". sLa chanteuse de l'Ahaggar souligne avoir ressenti une "joie immense" à la vue de l'eau coulant à flots, à quelques kilomètres de sa ville. Une joie d'autant plus profonde, dit-elle, qu'elle n'avait "pas beaucoup cru à la possibilité de réaliser un tel projet, de faire venir l'eau de si loin". Célèbre pour ses chansons Tindi, Badi Lalla a créé il y a 25 ans la troupe Issekta (signifiant souvenirs en Targui) composée exclusivement de femmes. Elle a animé des concerts dans plusieurs pays, dont le Japon, la France et la Suisse. Elle œuvre actuellement à transmettre cet art aux jeunes pour assurer sa préservation. C'est au delà des frontières que la chanteuse de Tindi, a connu l'amour pour ce genre de musique, au Mali, où elle a grandi. Elle a connu les printemps et les journées longues du pâturage où seule elle improvisait et chantait pour tenir à ses côtés les chèvres et les chameaux de ses parents, dont elle avait la garde, toute jeune déjà. Née en 1937 dans la tribu des Kel Ghala, l'une des plus importante des tribus Touarégues, elle a dû accompagner ses parents exilés par les français au Mali, pays frontalier à Tamanrasset où elle a vu le jour.Ce n'est qu'en 1975, qu'elle retourne à sa terre natale, avec ses enfants. Elle est la voix du Tindi de l'Ahaggar, dans la région son nom se confond avec ce genre de musique, elle anime les fêtes, préside les cérémonies du Tindi en véritable Diva. En 1990, elle crée une association musicale "Issekta" le souvenir, où elle réunit autour d'elle une quinzaine de personnes entre femmes et hommes pour se produire dans plusieurs pays européens, elle fera connaître le Tindi en Belgique, en France, en Suisse et jusqu'à Tokyo. Comme un souvenir des terres de son enfance, le Mali, elle introduit en 1977, la guitare électrique ce qui donne un cachet et une signature à sa formation.Elle est la mémoire du répertoire du Tindi, chante les anciens textes et les perpétue avec une voix singulière. Rachida Couri