Evénement n Un concert, pour fêter l'eau, sera animé par Badi Lalla, figure emblématique des mélopées du désert, considérée à 74 ans comme une légende vivante du tindi. C'est ce qu'a annoncé à l'APS cette chanteuse de tindi pour fêter l'eau dès que celle-ci coulera dans les robinets de Tamanrasset. Rencontrée à la cité populaire Hassi-Lalla, cette artiste a ressenti une «joie immense» à la vue de l'eau coulant à flots, à quelques kilomètres de sa ville. Une joie d'autant plus profonde, dit-elle, qu'elle n'avait «pas beaucoup cru à la possibilité de réaliser un tel projet, de faire venir l'eau de si loin». Les habitants de la ville de Tamanrasset avouent, au lendemain de la mise en service du mégaprojet de transfert d'eau à partir d'In Salah sur une distance de plus de 700 km pour un coût global de 197 milliards de dinars, qu'ils ont «encore du mal à y croire». Ils concèdent volontiers qu'au début, ils avaient assimilé l'annonce du projet à un «mirage du Sahara» ou un «réconfort pour calmer les habitants de la région dont les besoins en eau se sont accrus». C'est tout aussi volontiers qu'ils admettent aujourd'hui s'être «trompés». «On n'a jamais pensé ni même imaginé un transfert d'eau sur une aussi longue distance», affirment Mohamed et Abdelmalek, deux étudiants résidant au chef-lieu de wilaya. «Pour être francs avec vous, nous sommes des jeunes qui ne croient qu'à ce qui est palpable, et combien fut grande notre joie de voir de nos yeux ce projet se concrétiser et arriver aux portes de notre ville dans un délai record», disent-ils. Mohamed ajoute : «Espérer seulement que la gestion de cette ressource sera rationnelle et confiée à des cadres compétents, capables de s'assurer que l'eau parviendra à l'ensemble de quartiers de la ville de Tamanrasset dont les habitants n'ont jamais osé rêver voir, un jour, l'eau jaillir de leurs robinets et les débarrasser à tout jamais des jerrycans et des citernes». Azzedine Badi (30 ans), cadre à l'ADE (Algérienne des eaux) à Tamanrasset, indique que les travailleurs ayant activé sur ce projet ont «creusé des roches et affronté la rigueur extrême de la nature de cette région aride». Il ajoute que des hommes «se sont enthousiasmés pour ce projet qui paraissait insensé pour certains, et ont réussi à relever le défi». Les habitants de Tamanrasset qui ont vu leur rêve «impossible» se réaliser ont aujourd'hui hâte de voir l'eau couler dans leurs robinets et semblent impatients de bannir de leur quotidien les longues files d'attente et leur quête éreintante des citernes d'eau. Le poète Ahmed Derdouri (74 ans), prend à témoin un groupe de jeunes gens pour lâcher cette sentence de la sagesse populaire : «Celui qui attend sera plus heureux que celui qui espère» (L'li yestenna khir men li yetmenna»