Le séisme et le tsunami qui ont frappé le Japon pourrait coûter entre 122 à 135 milliards de dollars. La somme représente 2,5 à 4% du PIB du pays, la troisième économie mondiale, selon un rapport de la Banque mondiale publié lundi. Ces chiffres restent bien sûr provisoires, puisque la situation n'est toujours pas sous contrôle à la centrale de Fukushima. Mais la somme donne une première idée de l'ampleur de la catastrophe, à comparer aux 100 milliards de dollars qu'avait coûté le séisme de Kobé en 1995. Les deux catastrophes qui ont frappé l'archipel il y a dix jours devraient coûter à l'économie japonaise entre 122 et 235 milliards de dollards (86 à 165 milliards d'euros), soit entre 2,5 et 4% de son PIB, selon le dernier rapport de la Banque sur l'économie de l'Asie de l'Est et du Pacifique publié lundi. "Si l'on se base sur l'expérience passée, la croissance réelle du PIB sera affectée négativement à la mi-2011", a indiqué le rapport. Mais la croissance devrait reprendre dans les trimestres suivants, "quand les efforts de reconstruction, qui pourraient durer cinq ans, s'accélèreront", a-t-il prédit. Après une croissance soutenue de plusieurs trimestres depuis la fin de la récession de 2008-2009, le PIB japonais a baissé de 1,3% entre octobre et décembre 2010, en rythme annualisé. Avant le séisme, la plupart des économistes jugeaient qu'il devait rebondir au premier trimestre 2011. Depuis la semaine dernière, le Japon se bat également pour éviter une catastrophe nucléaire majeure à la centrale de Fukushima, endommagée le 11 mars. Cette cascade de catastrophes avait fait plonger la semaine dernière la Bourse de Tokyo de 10,22% et la monnaie nippone s'était envolée. Lundi, alors que la Bourse de Tokyo était fermée pour cause de jour férié, le yen était en léger repli face au dollar et à l'euro dans les premiers échanges en Asie. Des investisseurs semblaient hésiter à racheter la devise nippone après l'intervention concertée des banques centrales des pays riches du G7, vendredi, qui a ramené le dollar au-dessus de 80 yens, alors que le billet vert était tombé mercredi à son plus faible niveau face à la devise nippone depuis la Seconde guerre mondiale, à 76,36 yens. Selon Vikram Nehru, économiste à la Banque mondiale, les catatrophes japonaises pourraient également avoir un impact sur le reste de l'Asie, même s'il est trop tôt pour en estimer le coût. "Dans l'avenir immédiat, l'impact le plus important sera en termes de commerce et de finance", a-t-il ajouté. De grands groupes comme les géants de l'automobile Toyota et de l'électronique Sony ont suspendu leur production sur de nombreux sites après le séisme. Quelques firmes ont depuis partiellement redémarré leur activité. Dans ce contexte, la branche sud-coréenne de General Motor, GM Korea, prévoit de réduire sa production cette semaine au moins en prévision d'un possible manque de pièces détachées en provenance du Japon. Les prix des puces électroniques, dont le Japon assure 36% de la production mondiale, ont d'autre part augmenté de 20% dans certaines catégories, selon la Banque mondiale. Selon l'organisme international, le commerce du reste de l'Asie de l'Est avec le Japon représentait 9% du commerce extérieur de la région ces cinq dernières années. Les exportations de la région pourraient ainsi ralentir de 0,75 à 1,5% si le PIB japonais baissait de 0,25 à 0,50%. Justin Yifu Lin, économiste en chef et vice président de la Banque mondiale a également estimé que le séisme et le tsunami devraient influer sur l'économie mondiale, mais les impacts seront de courte durée. "Il est un peu trop tôt pour donner une estimation précise de la perte économique engendrée par le séisme et le tsunami," a-t-il dit. Dans un court terme, la perte pourrait être importante. "Le marché financier international est sensible aux désastres. L'appréciation du yen et la chute du commerce extérieur du Japon devraient également affecter l'économie de certains autres pays," a-t-il indiqué à Xinhua à Beijing. La région du nord-est du Japon, qui a été sévèrement touchée par le séisme, est une base importante de la production automobile et un grand nombre de constructeurs japonais ont fermé leurs portes suite à la catastrophe. Des usines d'acier ont également été affectées, selon des rapports précédents. Cependant, M.Lin a noté que la reconstruction post-séisme devrait stimuler l'économie japonaise, qui devrait être bientôt rétablie. "Les importations du Japon devraient dans un an retrouver leur niveau d'avant le séisme, tandis que les exportations devraient remonter à 80%," a conclu M.Lin. R.I.