La facture de la reconstruction du Japon suite au séisme et au tsunami dévastateurs qui ont ravagé le nord du pays serait particulièrement salée et pourrait atteindre 235 milliards de dollars, selon les projections de la Banque mondiale. En comparaison, le tremblement de terre de Kobe de 1995 avait coûté 100 milliards de dollars. L'Etat ne sera toutefois pas le seul à régler la facture. Les compagnies d'assurances devraient assumer entre 14 et 33 milliards de dollars, selon le rapport publié, par l'institution internationale. La note restera toutefois supérieure aux 127 milliards de dollars que le gouvernement compte débloquer pour soutenir la reprise. A plus long terme, les efforts de reconstruction devraient contribuer au rebond de l'économie du pays, a estimé la Banque mondiale. La reconstruction prendra toutefois plus de temps que lors du séisme de Kobe car «la perturbation des réseaux de production, en particulier dans les industries automobile et électronique, pourrait continuer à poser problème»après un an, a noté la Banque. Ainsi, les industriels se mobilisent pour reprendre leur production au plus vite: Nissan envisage la réouverture de ses usines cette semaine. Dans quelques jours, ce devrait être au tour de Sony de relancer sa chaîne de batteries rechargeables. Honda et Toyota ont, de leur côté, relever le niveau de production de leurs usines, pour compenser les pénuries de pièces détachées, ressenties par l'ensemble de l'industrie automobile. Cette catastrophe naturelle a fait 8649 morts et plus de 13 000 personnes sont toujours portées disparues, selon la police. Sur le chapitre du nucléaire, les ingénieurs japonais ont rétabli hier l'électricité dans trois des six réacteurs de la centrale atomique accidentée de Fukushima-Daiichi dont ils comptent tester rapidement les systèmes de refroidissement. Cette étape pourrait constituer un premier progrès tangible dans la crise nucléaire la plus grave depuis Tchernobyl en 1986. La pluie s'est mise à tomber hier sur le site mais les vents soufflent vers le Pacifique, épargnant Tokyo, située à 240 km au sud de la centrale endommagée. Les trois cents techniciens qui travaillent jour et nuit à l'intérieur de la zone dangereuse ont annoncé le raccordement de câbles électriques aux réacteurs n°2, 5 et 6. Mais la pression augmente dans le réacteur n°3, qui contient du plutonium et où les ingénieurs pourraient envisager de libérer de la vapeur, a déclaré l'Autorité japonaise de sûreté nucléaire hier matin. Si les pompes à eau, qui permettraient d'éviter une surchauffe des barres de combustible et une diffusion plus importante de la radioactivité, ne fonctionnent pas, une solution «à la Tchernobyl» pourrait être adoptée, consistant à enfouir toute la centrale sous des tonnes de sable et de béton. En attendant, après avoir essayé des hélicoptères bombardiers d'eau, les autorités ont envoyé des camions de pompiers pour arroser les réacteurs à l'aide de lances à eau. Le président de la commission de régulation du nucléaire des Etats-Unis, Gregory Jaczko, a déclaré que les niveaux de radiation autour de la centrale semblaient diminuer mais de nouveaux cas de contamination sont apparus. Le ministère de la Santé a enjoint à un certain nombre d'habitants des zones proches de la centrale de ne pas boire l'eau du robinet en raison d'un niveau élevé d'iode radioactive, rapporte l'agence Kyodo. Des légumes et du lait contaminés détectés samedi avaient déjà suscité l'inquiétude en dépit des assurances des autorités, qui répètent que les niveaux de radioactivité ne sont pas dangereux pour la santé humaine. Par ailleurs, le directeur général de l'AIEA, Yukiya Amano, a estimé hier qu'il ne faisait «aucun doute» que cette crise nucléaire serait «surmontée efficacement». L'AIEA «travaille avec tous ses moyens, en coopération avec d'autres pays et d'autres organisations internationales, pour aider le Japon à mettre un terme à la crise et à en réduire les effets le plus possible».