C'est une première : la Société algérienne des foires et exportations, Safex, envisage d'organiser au mois d'octobre prochain un salon national dédié à la manufacture. C'est une manifestation qui permettra d'ailleurs aux entreprises nationales qu'elles soient publiques ou privées qui activent dans les secteurs des textiles, cuirs et prêt - à - porter, céramiques, transformation du bois et dérivés, transformation des peaux et cuirs, lièges, etc., d'exposer leurs potentiels et leurs ambitions pour faire face aux défis de l'avenir. C'est aussi un évènement qui arrive dans le sillage des mesures prises par les pouvoirs publics afin de relancer les investissements dans la filière et de booster par la même occasion les exportations hors-hydrocarbures. Il faut rappeler dans ce sens que le ministère de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement lance un plan de sauvetage de l'industrie publique financé par le Trésor public à hauteur de 600 milliards de dinars et articulé autour de trois axes essentiels : assainir des dettes, renflouer les caisses des EPE afin de leur assurer des fonds de roulement, et enfin garantir des plans de charge. C'est dans ce sens justement que la filière industrie manufacturière bénéficiera d'un plan de sauvetage de 8,2 milliards de dinars. "Le portefeuille de toute la manufacture textile, cuir et confection et bois va être réorganisé à travers notamment des opérations d'assainissement, de traitement du passif et le lancement d'investissements", a déclaré récemment M. Mohamed Ould Mohammedi, le directeur général du développement industriel au ministère. A cet effet, il a précisé qu'un diagnostic doit être fait en fonction du besoin du secteur pour définir l'enveloppe financière que l'Etat doit consacrer à cette politique de relance, ajoutant que le dossier a déjà fait l'objet d'un examen au niveau du ministère et "va être soumis prochainement au Conseil des participations de l'Etat (CPE)". L'industrie du textile en Algérie est représentée par deux groupes industriels publics, ''Texmaco'', spécialisé dans le tissu de base, regroupant 25 filiales, et ''CH'', qui regroupe 15 filiales. Les deux groupes représentent 75% du marché national du textile. Les 15% restants sont détenus par le secteur privé. Il s'agit de réhabiliter des filières moribondes et complètement destructurées à l'image de la filière textile. Deux grands groupes industriels publics constituent l'essentiel de cette filière. Avec ses 2397 agents, le groupe C et H (confection et habillement) est représenté par 15 entreprises de production avec un chiffre d'affaires annuel de 3,3 milliards de dinars. Le groupe Texmaco (tissus) est composé, quant à lui, de 23 entreprises spécialisées dans le finissage, le tissage ainsi que la filature. Il compte 8962 agents pour un chiffre d'affaires annuel de 10 milliards de dinars. Les activités textiles sont concentrées dans les wilayas du Centre, notamment Alger et Blida avec un taux de 50%. Néanmoins, celles-ci peinent à se reprendre. A en croire les données publiées il y a un mois par l'Office national des statistiques, qui reprend les résultats d'une enquête réalisée auprès des chefs d'entreprise, l'activité du secteur du cuir a connu une hausse au 3e trimestre 2010, après une baisse au précédent trimestre, contrairement à celle du textile qui n'arrive pas à suivre, malgré la reprise de l'activité entamée dès le 3ème trimestre 2009, indiquent les résultats. Environ 10% des chefs d'entreprises du cuir touchés par l'enquête d'opinion déclarent avoir exporté durant le 3ème trimestre 2010 et autant ont des contrats à satisfaire pour les prochains mois. Les capacités de production sont utilisées à plus de 75% par la majorité des entreprises du cuir et par 40% de celles du textile, selon les résultats de cette enquête d'opinion, qui porte sur le type et le rythme de l'activité industrielle. Le degré de satisfaction des commandes en matières premières est inférieur à la demande exprimée, selon près de 82% des chefs d'entreprises du secteur du textile et 64% de celui du cuir. Cependant, plus de 41% des entreprises du textile et près de 57% de celles du cuir ont connu des ruptures de stocks, induisant à des arrêts de travail de plus de 10 jours à la plupart des entreprises des deux secteurs. Avec la stabilité des prix de vente, la demande en produits fabriqués a augmenté, selon les responsables des deux secteurs, et 70% des patrons des entreprises du textile et près de 52% de ceux du cuir déclarent avoir satisfait toutes les commandes et il subsiste des stocks de produits fabriqués à l'ensemble des industriels. La trésorerie a été jugée "normale" par les patrons d'entreprises des deux secteurs. Toutefois, plus de 96% des entreprises du textile ont recouru à des crédits bancaires et seulement 9% ont eu des difficultés à les contracter. Près de 63% des chefs d'entreprise du cuir ont déclaré avoir procédé à une extension et à un renouvellement partiel des équipements, et la majorité des industriels du textile et 85% de ceux du cuir ont déclaré pouvoir produire davantage avec un renouvellement des équipements et sans embauche supplémentaire du personnel. Avec la hausse du volume des commandes pour le textile et le cuir et aux nouvelles capacités de production pour le cuir, les effectifs ont augmenté, selon les représentants des deux secteurs. Par ailleurs, des chefs d'entreprises du textile ont déclaré avoir des difficultés à recruter les cadres de maîtrise et d'exécution et jugent que le niveau de qualification du personnel est insuffisant. Selon l'enquête de l'ONS, 13% des entreprises du textile ont connu des arrêts de travail pour des raisons de conflits sociaux, inférieurs à 6 jours pour l'ensemble des entreprises enquêtées. Klilya B.