Le gouvernement japonais a estimé, hier, que le séisme et le tsunami du 11 mars pourraient coûter jusqu'à 25.000 milliards de yens (217,4 milliards d'euros) à la troisième puissance économique mondiale. Ce chiffre correspond au montant évalué des dégâts sur les infrastructures, les logements et les entreprises du nord-est du Japon, dévasté par la catastrophe du 11 mars, a précisé le cabinet du Premier ministre, ajoutant que ces dommages pourraient abaisser la croissance du Produit intérieur brut de 0,5 point de pourcentage. Le coût final pourrait être plus élevé au final, car cette estimation ne prend pas en compte l'impact des coupures d'électricité dans la région de Tokyo, provoquées par l'arrêt de centrales nucléaires et thermiques depuis le séisme. Le séisme dévastateur et le tsunami devraient nuire à l'économie du Japon, mais seulement temporairement, a indiqué le président de la Banque asiatique de développement, Haruhiko Kuroda, mardi à Beijing. L'impact négatif du désastre sur l'économie du Japon devrait se concrétiser dans les six premiers mois de l'année, mais devrait être de courte durée, a-t-il indiqué à Xinhua. "La croissance économique du Japon devrait reprendre grâce à l'accélération des investissements dus à la reconstruction qui devrait débuter au cours du second semestre", a-t-il ajouté. Il est encore trop tôt pour évaluer l'impact du séisme et du tsunami sur les économies japonaise et mondiale, a-t-il indiqué, ajoutant que l'impact ressenti par la troisième économie du monde devrait affecter d'autres pays, proches et lointains. Aussi, de nouveaux cas de contamination alimentaire ont renforcé hier l'inquiétude quant à l'impact sanitaire de l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima, où la situation demeure fragile. Les autorités japonaises ont interdit à la consommation certains légumes produits dans les régions voisines de Fukushima et les Etats-Unis ont bloqué leurs importations de lait et de produits frais en provenance des alentours de la centrale endommagée par le séisme et le tsunami du 11 mars, dont le dernier bilan s'élève à près de 23.000 morts et disparus. Dans le nord du Japon, les pluies, parfois verglaçantes, les pénuries de carburant et les coupures d'électricité persistantes ralentissent les efforts d'aide aux populations sinistrées. La crise humanitaire et nucléaire auquel est confrontée la troisième économie mondiale menace aussi de se transformer en crise sanitaire. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que la présence d'éléments radioactifs dans certaines denrées alimentaires constituait un problème bien plus sérieux qu'on ne le pensait initialement et que la contamination alimentaire n'était pas un problème limité aux abords de la centrale. Des traces de radioactivité supérieures aux normes de sûreté ont été détectées sur onze types de légumes produits dans la préfecture de Fukushima, où se trouve la centrale endommagée. Par ailleurs, les ventes de denrées japonaises dans les supermarchés à travers l'Asie ont nettement reculé et les clients désertent les restaurants de sushis, après l'accident nucléaire de Fukushima qui fait craindre des produits alimentaires nippons irradiés. Plusieurs pays testent les importations alimentaires japonaises depuis que des fuites radioactives ont été détectées après le séisme du 11 mars et le passage d'un tsunami qui a mis hors-service les systèmes de refroidissement de la centrale de Fukushima. Aucune contamination importante n'a été relevée, et les autorités japonaises et internationales soulignent que cette crise nucléaire n'est pas comparable à la catastrophe de Tchernobyl en 1986. Mais, les fuites continuent, alimentant la méfiance. "Ces 15 derniers jours, nous avons eu le plus faible nombre de clients depuis que j'ai ouvert il y a trois ans", déclare Shigeyoshi Yasumoto, propriétaire du Saika, un restaurant du quartier de Manille surnommé "Little Tokyo". En face, une supérette spécialisée en produits japonais est quasiment vide.