Sidi Bel -Abbès, la contrée de l'ouest qui a une longue tradition théâtrale, notamment avec l'iconoclaste Kateb Yacine qui a longtemps animé ses planches, célèbre depuis jeudi dernier son régulier festival du théâtre professionnel. Puisque l'actualité et les frondes juvéniles l'exigent, les organisateurs ont cédé les planches, cette fois-ci non pas aux caciques comme c'est de coutume dans toutes circonstances, mais aux jeunes. Allégeance précaire, mais allégeance quand même. Une forte assistance à accouru à l'espace de Sidi Bel-Abbès où se déroulera le gros des spectacles que proposeront dix troupes jeunes qui seront en lice pour le trophée de l'épilogue. Ces formations sont venues des wilayas d'Oran, Mostaganem, Relizane, Alger, Laghouat et Sidi Bel-Abbès et elles défileront sur la scène du théâtre régional pour décrocher le premier prix du festival qui est organisé, cette année, sous le thème significatif intitulé : "Critique théâtrale". Mais avant cela, on n'oublie pas les ainés qu'on barde toujours d'honneur même si toute la jeunesse ne les connait pas. Hier, plutôt l'an dernier, c'était Mohamed Touri qui a son nom gravé au théâtre de Blida, sa ville natale, aujourd'hui, c'est Hamdad Abdelkader dit Cherradi. Passionné semble-t-il du quatrième art, il a dirigé la troupe des travailleurs du théâtre devenue la troupe du théâtre populaire et le groupe folklorique des béni-Amer. Il est aussi détenteur du trophée du premier festival panafricain. C'est lui qui a prononcé le discours solennel de l'ouverture, en parlant de ces engagements passés pour la libération de la Palestine et aussi, à l'époque, de l'Afrique du Sud. Le présent, lui, ne semble pas intéresser grand monde. L'Algérie est toujours en fleurs, c'est demain qu'on parlera de ces pleurs et des engagements fictifs d'un battant fictif qui sortira du néant. On le disait même malade et très isolé dans son lit d'hôpital à Sidi Bel-Abbès, mais il est venu quand même. Première pièce symbolique à être montrée et à démontrer ce combat dont on parle, "El burnous El Assoued" (le burnous noir), burnous étant un référant fort aux hommes qui le portaient à une époque où il n'y avait que quatre ou cinq journaux de la République. Après les anecdotes nostalgiques de Cherradi avec sa petite voix qu'il poussait du fond du mal qui le ronge, place à la présentation des membres du jury : Salim Souhali Dine El Hanani Djahid, Ali Nacer, Ahcène Boubria et Mohamed Habib. Retour aux honneurs, cette fois pour les caciques qui ont tout de même du bagou à l'image du séducteur Sid Ahmed Agoumi, Hadj Kandsi, le photographe Ali Hafiad et le scénographe Abderrahmane Zaâboubi avant la production du premier spectacle de la coopérative culturelle et du théâtre "Ait Mellek" intitulé "la misère à la mode" de Djamel Guermi. Jusqu'au 12 du mois en cours, cette fête des planches connaitra ses parallèles de série de conférences portant sur la critique théâtrale, expo et organisation d'atelier qui seront animées par des spécialistes et hommes du 4ème art. Une conférence sur ce même thème sera animée à la Faculté des sciences humaines de Sidi Bel- Abbès par le docteur Nader El Kana, professeur à l'Institut supérieur d'arts dramatiques du Koweït. La distinction, qui sera décernée par un jury composé de 5 membres, ouvrira droit à la troupe lauréate de participer au prochain Festival national du théâtre professionnel qui se déroulera du 24 mai au 6 juin à Alger. Errihla, Le Mur, Temps nouveaux et le Jugement sont autant de pièces théâtrales programmées tout au long du festival, qui constituera certainement une opportunité pour le public de découvrir et d'apprécier les prestations des différentes troupes artistiques en compétition. L'épilogue de ce rendez- vous est pour demain, et il y aura à l'affiche la pièce" Modern-time ", produite cette année par le Théâtre régional de Sidi Bel Abbès, d'après un texte de Marcel Pagnol (Topaze), mise en scène de Yahia Ben Ammar. Que la fête continue !