La compagnie nationale d'hydrocarbures, Sonatrach, ne serait pas intéressée par une éventuelle alliance avec le groupe gazier français GDF, rapporte le journal français La Tribune dans son édition d'hier. "Economiquement irréalisable et politiquement incorrect", c'est le jugement sévère porté par un haut responsable de la Sonatrach, sous couvert d'anonymat, sur le projet de rapprochement capitalistique avec Gaz de France (GDF). Soulignant n'avoir rien reçu de concret, le responsable en question a ajouté qu'"une alliance avec GDF ne peut pas se faire entre une compagnie étatique comme Sonatrach et un groupe coté en Bourse comme GDF". Selon l'article de La Tribune, "les Algériens sont sceptiques sur l'interêt que représenterait une alliance avec GDF en échange d'une aide française pour développer le nucléaire civil", évoquant le fait que le pays ne manque pas d'autres propositions en la matière. La Tribune, qui cite le responsable en question, ajoute que le groupe public algérien d'hydrocarbures ne voit pas l'avantage qu'il pourrait tirer d'un tel projet, car il souhaite être présent dans toute l'Europe et non se lier à un seul partenaire. L'autre raison pour laquelle la Sonatrach serait opposée à une telle alliance serait d'ordre politique, selon le journal. En effet, politiquement, les relations complexes entre la France et l'Algérie ne faciliteraient pas un tel accord. "Nous avons signé des traités d'amitié avec beaucoup de pays, sauf avec la France qui ne veut pas. Comment peut-on réussir dans l'économie ce qu'on n'a pas pu faire dans le politique?", s'est interrogé le haut responsable de Sonatrach. Tout porte à croire donc que la proposition de Sarkozy semble ne pas emballer Alger. Le désormais président élu Nicolas Sarkozy avait évoqué, durant la campagne, une alliance entre GDF et un producteur comme la société algérienne. À ne pas en douter, les importantes ressources gazières et énergétiques de l'Algérie font saliver les responsables français et même européens qui tentent aujourd'hui de contourner la dépendance énergétique vis-à-vis du fournisseur russe en tablant sur d'autres pays producteurs. L'Algérie, qui approvisionne déjà un certain nombre de pays du Vieux continent en gaz, constituerait donc pour eux une alternative intéressante. Le partenariat énergétique avec l'Algérie revêt, de ce fait, une importance stratégique qu'il s'agit de concrétiser en jetant les bases d'une coopération bénéfique pour les deux parties. Nicolas Sarkozy et ses conseillers n'ont d'ailleurs pas été avares en détails sur la politique qu'ils envisagent de mener dans ce domaine. Il n'avait pas hésité, lors d'un de ses discours, à proposer à l'Algérie une "aide, avant d'autres Etats, à développer son industrie nucléaire civile" en échange d'un "partenariat" dans le domaine gazier. Une éventualité qui ne risque pas d'aboutir d'autant que, de Washington, le ministre de l'Energie, Chakib Khelil, a annoncé la signature, début juin, d'un protocole d'accord dans le nucléaire avec les Etats-Unis. L'Algérie se tourne donc vers les Américains pour développer le nucléaire civil, ce qui affaiblit davantage la proposition de Nicolas Sarkozy d'adosser GDF à Sonatrach en contrepartie de l'aide de son pays à l'Algérie pour se doter de centrales nucléaires de production d'électricité. D'un autre côté, Sonatrach évalue difficilement l'intérêt d'une alliance avec GDF, au moment où la demande mondiale sur le gaz ne cesse d'augmenter. Une situation qui place Sonatrach en position de force dans les négociations avec ses clients. La compagnie nationale multiplie, d'ailleurs, les alliances avec les grandes compagnies pétrolières et gazières. A ce titre, ce week-end, un quotidien belge évoquait des négociations à haut niveau entre Sonatrach et Suez en vue de nouer des partenariats commerciaux.