Le président syrien, Bachar Al-Assad, a déclaré dernièrement qu'il compte remplacer la levée de l'état d'urgence qu'il a promis dès la semaine prochaine par une législation antiterroriste qui devrait limiter les libertés davantage et il a ajouté qu'elle sera "fermement appliquée".Depuis la mi-mars, les contestations du peuple syrien perdurent malgré de nombreuses arrestations et de violentes représailles. Vendredi dernier ,le chaos a gagné les rues de Damas. Dans la capitale, les forces anti-émeutes ont fait usage de bâtons et de grenades lacrymogènes pour interdire l'accès à la place des Abbassides, la plus importante de la ville, à la foule de manifestants venus des faubourgs. La répression du mouvement pour la démocratie a provoqué la mort d'environ 200 personnes depuis près d'un mois d'après le principal comité syrien de défense des droits de l'homme, une situation inédites pour Bachar al-Assad en 11 ans de pouvoir, qui l'a poussé une nouvelle fois à montrer des signaux d'ouverture lors d'un discours prononcé samedi dernier devant le nouveau gouvernement formé jeudi. La pression internationale s'est accentuée à la fin de la semaine dernière sur la Syrie, le régime a été accusé de réprimer le mouvement de contestation avec l'aide de l'Iran par l'opinion internationale qui a exercé une pression accentuée sur le président syrien. Par conséquent, le régime a annonçé un nouveau gouvernement, chargé de mener des réformes. Mais ces signaux ne dépassent pas le rang de purs symboles. S'il a promis la levée, dès la semaine prochaine de l'état d'urgence, en vigueur depuis 48 ans en Syrie, il a ignoré les revendications populaires en faveur d'un démantèlement du régime sécuritaire strict qui régit le pays. L'abolition de la loi d'urgence, qui fait peser une chape de plomb sur les libertés publiques, est bien l'une des principales revendications des protestataires qui réclament une libéralisation imminente du régime en place. Mais Bachar al-Assad avait prévenu que sa disparition, déjà annoncée, sera accompagnée d'une mise en œuvre d'une nouvelle législation antiterroriste. Ce qui ne devrait pas changer grand-chose sur le plan des libertés. Dans son discours prononcée samedi dernier , le dirigeant syrien a d'ailleurs souligné que cette nouvelle législation ne ferait preuve d'aucune indulgence envers "les saboteurs", un engagement que l'opposition considère comme destiné à maintenir les restrictions aux libertés de réunion et d'expression. "Les Syriens sont civilisés. Ils adorent l'ordre et n'accepteront pas le chaos et le règne de la populace. Nous ne serons pas tolérants envers le sabotage", a martelé Bachar al Assad. Outre cette promesse de lutter contre le "chaos" et le "sabotage", qui ne plaide guère pour une ouverture politique, le raïs syrien n'a fait aucune allusion précise aux exigences des dizaines de milliers de manifestants qui réclament depuis plusieurs jours la fin de la mainmise des puissants services de sécurité sur la vie quotidienne des Syriens, la libération des milliers de prisonniers politiques et la fin du monopole du parti Baas sur la vie publique. Et s'il a reconnu que la corruption était un problème en Syrie, il n'a annoncé aucune mesure visant à restreindre la domination de son clan sur la vie économique du pays. En outre , son cousin, l'homme d'affaires Rami Makhlouf,considéré comme un symbole de la corruption régnant au plus haut niveau du pouvoir aux yeux des protestants due à son considérable enrichissement pendant le règne d'Assad. inspirée par les révolutions qui ont chassé les autocrat tunisien ben Ali et égyptien Moubarak, l'opposition à l'actuelle régime syrien continue de résister aux recours à la force et aux massives arrestations et ils ne semblent pas avoir foi aux promesses de réformes et de concessions aux minorités ethniques. suite au discours d'Al-Assad, des milliers de personnes ont d'ailleurs défilé dans les rues de la ville de Deraa, haut lieu de la contestation, dans le sud du pays, en scandant "Le peuple veut la chute du régime" - comme en Tunisie et en Egypte et en brandissant des posters de victimes de la répression.