Bachar Al Assad s'est adressé hier à son peuple dans l'espoir de calmer la contestation, qui a éclaté en Syrie depuis la mi-mars. Confronté à une extension du mouvement de colère populaire et à des pressions internationales, le président syrien a choisi de faire un discours devant le nouveau gouvernement pour exprimer sa tristesse pour la mort des manifestants et faire d'importantes déclarations. «Le sang versé nous fait beaucoup de peine (...). Nous regrettons la mort de toutes les personnes, civils ou forces de sécurité, et les considérons comme des martyrs», a dit le chef de l'Etat avant d'annoncer que «la loi d'urgence sera abolie dans une semaine maximum». Cette loi, en vigueur depuis 1963, est l'une des principales revendications des protestataires qui réclament une libéralisation du régime. «La commission juridique sur la loi d'urgence a élaboré une série de propositions en vue d'une nouvelle législation. Ces propositions seront soumises au gouvernement qui promulguera des lois (...) dans une semaine maximum», a-t-il ajouté. Ainsi donc, le président Assad tient à montrer sa bonne volonté de répondre aux aspirations de son peuple en commençant à adopter des réformes. Lors de son premier discours devant le Parlement, le 30 mars dernier, deux semaines après le début du mouvement de contestation, Assad avait dénoncé une «conspiration» contre son pays, mais n'avait rien dit sur la levée de l'état d'urgence. Voyant que la contestation prend de l'ampleur, le président syrien a décidé, jeudi dernier, de nommer un nouveau gouvernement, dirigé par Adel Safar, avec pour tâche d'entreprendre un programme de réformes dont notamment la libéralisation de la presse et l'instauration du pluralisme politique. Les opposants exigent la suppression de l'article 8 de la Constitution qui stipule que «le parti Baas est le dirigeant de l'Etat et de la société». Ils réclament aussi la fin de la corruption qui mine l'administration en Syrie. A ce sujet, le président syrien a déclaré : «Nous avons constaté ces derniers jours un fossé entre le citoyen et les institutions de l'Etat ; ce fossé doit être rapidement comblé. La corruption est une menace pour l'avenir du pays et son développement.» La sortie du président syrien a sûrement été motivée par les importantes manifestations qui ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes, vendredi dernier, à travers tout le pays. Mais aussi par les pressions internationales. Vendredi dernier, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a exhorté le régime syrien à cesser la répression. «Le gouvernement syrien n'a pas répondu aux exigences légitimes du peuple syrien. Il est temps que le gouvernement syrien cesse de réprimer ses citoyens et commence à satisfaire leurs aspirations», a dit Mme Clinton. L'ONU a aussi appelé les autorités à «stopper immédiatement» la «répression brutale». Reste à savoir maintenant si ces promesses de réformes annoncées par Bachar Al assad vont satisfaire les Syriens qui sont loin de décolérer. H. Y.