La prévalence de l'hémophilie en Algérie ainsi que la prise en charge des personnes atteintes ont connu une enquête en 2000. Et à travers les résultats de cette enquête, le ministère en charge de la santé a décidé, en 2002, de prendre en charge cette maladie en collaboration avec l'OMS et la Fédération mondiale des hémophiles. Et c'est donc le plus normalement du monde, pour ne pas dire qu'il était temps, qu'un programme national pour la prise en charge de l'hémophilie sera concrétisé. C'est ce qu'a annoncé, à Alger le Dr. Ahmed Tamim Abi Ayad, cadre au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et ce, pour la période 2010-2014. Cela s'est passé lors d'une journée d'étude à l'Institut national de la santé publique (INSP), à l'occasion de la Journée mondiale de l'hémophilie, le 17 avril. Abordant le sujet, le Dr. Tamim Abi Ayad a souligné que le nouveau programme sera officiellement annoncé en octobre prochain et permettra l'accès du citoyen aux soins et à une prise en charge à domicile et ce, en collaboration avec les associations activant dans ce domaine. D'ailleurs, on apprend de la bouche de Mme Nacera Madji, chargée du dossier de l'hémophilie au ministère de la Santé, qu'en 2009, un registre a été créé à l'INSP pour organiser le réseau des soins au sein des établissements sanitaires de proximité, recenser les personnes atteintes hospitalisées au niveau des CHU à travers tout le territoire national et évaluer le suivi médical par une équipe médicale multidisciplinaire. Selon le ministère, l'Algérie compte 1400 malades, alors que selon l'Association algérienne des hémophiles (AAH), le nombre de ces derniers est de l'ordre de 2600. Pour aider ces malades, le ministère de la Santé a indiqué que son département a mis les médicaments substitutifs des facteurs sanguins à la disposition de tous les malades, citant les actions menées en matière de soins. Par ailleurs, la Commission nationale de l'hémophilie consent des efforts à travers les directions de wilaya de la santé afin d'améliorer la prise en charge des malades. Ainsi, et lors de cette commémoration de la journée de l'hémophilie placée sous le thème "Inspirez-vous, engagez-vous pour le traitement de tous", plusieurs professeurs de médecine ont souligné l'évolution de la prise en charge des malades avec l'annonce de ce plan national pour les hémophiles (2011-2014). "C'est la première fois que l'Algérie célèbre la journée mondiale de l'hémophilie et c'est de bon augure", précise Mme Latifa Lemhène, présidente de l'Association nationale des hémophiles (ANH) qui mène un combat acharné pour les 2600 hémophiles et autres troubles de la coagulation recensés par l'ANH. D'autre part, la présidente de l'ANH a souligné que les malades doivent apprendre à se piquer à la maison pour éviter le handicap et l'hémorragie entraînant le décès. Déplorant l'absence de spécialistes pour la prise en charge des malades dans plusieurs wilayas du pays, notamment dans les régions du Sud, Mme Lemhène a rappelé que 1% des malades se sont révélés porteurs de cette maladie lors de la vaccination et 10% lors de la circoncision, précisant que les parents ignorent cette maladie qu'elle a qualifiée de "dangereuse". 70% des cas recensés à travers tout le territoire national sont liés à l'hérédité, 30 % dus à des dysfonctionnements dont les origines restent inconnues, a-t-elle ajouté. De son côté, le Pr. Abderrahmane Benbouzid, spécialiste en orthopédie a évoqué la pose de prothèses pour les hémophiles qui souffrent de complications au niveau des articulations pouvant mener au handicap. L'hémophilie est une maladie héréditaire qui atteint les garçons plus que les filles. Elle leur est transmise par la mère et est causée par l'absence des facteurs sanguins empêchant notamment la coagulation du sang. De son côté, le Pr. Abderahmane Benbouzid de l'EHS de Ben Aknoun a remarqué que l'hémarthrose chirurgicale n'offre pas beaucoup de solutions si l'articulation est dégradée. "Il faut une prothèse et celle-ci est importée et est coûteuse en même temps ", a-t-il souligné. Pour le Pr. Benbouzid, il faut généraliser la disponibilité du facteur 8, adopter une prophylaxie générale pour éviter les handicaps et améliorer la prise en charge des hémophiles. En attendant la concrétisation effective de ce plan national pour l'hémophilie 2010-2014, il est important d'améliorer, au moins, la prise en charge avec l'instauration d'un consensus national pour la prise en charge prophylactique de l'enfant hémophile. L'aide des mouvements associatifs serait plus que nécessaire pour aider ce genre de malades. Et puis, il serait impératif d'avoir un registre national de l'hémophilie. Ce qui permettrait, d'ailleurs, de recueillir toutes les données épidémiologiques dans la perspective e d'un suivi adéquat des malades.