L'Algérie compte 1468 hémophiles dont 365 âgés de 10 à 20 ans. Toutefois, leur nombre pourrait augmenter à 3 233 à l'horizon 2021. C'est ce qu'a indiqué Meriem Belhani, chef du service hématologie au CHU de Béni Messous, à l'occasion d'une rencontre débat portant sur les aspects de prise en charge de l'hémarthrose et de l'arthropathie hémophilique en Algérie. La spécialiste déplore cependant l'absence de données nationales sur l'hémophilie. Elle rappelle que le premier recensement effectué en 1996 a fait ressortir 543 cas. Pour l'établissement d'un état de lieu, une première enquête a été réalisée en 2000 sous l'égide du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Sur un échantillon de 976 hémophiles, l'enquête a fait ressortir que 82% étaient atteints d'hémophilie « A » alors que 16,7% atteints de l'hémophilie « B », soit un malade sur deux est sévèrement touché. 12% seulement ont pu suivre des études universitaires. Selon Mme Belhani, 600 à 2 000 hémophiles restent inconnus en Algérie, d'où une prévalence faible à cause du manque de consultations spécialisées. En 2006, la prévalence était de 3,76 pour 100 000 habitants. Quant à la prise en charge des malades, il s'avère, selon la conférencière, qu'elle est mal gérée faute d'une organisation adéquate en plus du traitement très coûteux. « Le CHU de Béni Messous a reçu une subvention de 37 millions de centimes pour la prise en charge des hémophiles », a-t-elle précisé. Toujours est-il, la prise en charge reste minime vu l'absence de centres spécialisés. Résultat, 10% des hémophiles décèdent lors d'une simple circoncision, 13% suite à des saignements articulaires alors que 17% succombent à des plaies-trauma, d'où la nécessité d'un dépistage précoce avant l'âge de deux ans. « Si en Algérie l'accès aux soins et aux traitements des personnes hémophiles se heurtent à des problèmes, il n'en demeure pas moins que des efforts ont été déployés pour mieux informer sur cette maladie et pour permettre une meilleure intégration des hémophiles au sein de la société », a expliqué M. Belhani. Elle a précisé que le projet « Possibilité de changer l'hémophilie », lancé par le laboratoire danois Novo Nordisk Algérie, tend à renforcer la prise en charge de cette maladie pour améliorer l'état de santé des patients atteints. Le but étant, de les rendre autonomes, et de prévenir les complications de la maladie par un traitement et un suivi réguliers.