Si l'avis des économistes reste divergent sur la réalité de la reprise économique mondiale, ils sont unanimes à penser que la montée des risques est réelle. Tout en affichant sa satisfaction quant à la forte reprise économique dans les pays de l'Asie de l'Est et du Pacifique, la Banque mondiale ne perd pas de vue la nécessité de porter une attention particulière sur la gestion des risques émergents qui peuvent poser des défis à la stabilité macroéconomique. Dans son dernier rapport, la BM a constaté que la production dans ces pays était au-dessus des niveaux d'avant la crise financière et économique mondiale avec un taux de croissance du PIB réel qui a atteint 8,9 % en 2010 (6,7 % hors Chine), contre 7,3 % en 2009, s'alignant ainsi sur la moyenne du taux de croissance sur la période 2000-2008. Les investissements du secteur privé ont été, une nouvelle fois, le moteur de la croissance, la confiance est à la hausse, et les flux commerciaux sont revenus aux niveaux d'avant 2008, note le rapport. Toutefois, observe-t-elle, la plus grande confiance dans les perspectives de croissance de la région et les préoccupations quant à la timide reprise économique dans les économies avancées nécessitent pour les décideurs d'effectuer un exercice d'équilibre délicat, en particulier pour le retour des entrées massives de capitaux et l'appréciation des monnaies. Poussées par une liquidité mondiale abondante à la recherche de meilleurs rendements et par les perspectives d'une plus forte croissance dans la région que dans les autres, les entrées de capitaux ont fortement augmenté en 2010, souligne l'institution de Bretton Woods. Ces massives entrées de capitaux ont contribué à une forte appréciation des taux de change malgré les interventions sur le marché de change par les banques centrales. Ces entrées ont également contribué à de fortes augmentations des prix des actifs alors que la plupart des autorités monétaires se sont abstenus d'introduire un contrôle des capitaux à ce jour, analyse-t-elle. "Si ces entrées de capitaux restent fortes, notamment dans un contexte de faible croissance mondiale, les autorités seront confrontées à la difficulté de concilier entre la nécessité de maintenir les entrées de capitaux, en particulier l'investissement étranger direct, et d'assurer la compétitivité, la stabilité du secteur financier et une faible inflation'', analyse M. Vikram Nehru, économiste en chef de la Banque mondiale pour l'Asie de l'Est et du Pacifique. Pour une reprise économique sur des bases plus solides, les autorités dans la plupart des pays d'Asie ont prudemment mis en place des mesures de relance, souligne le rapport avançant que les déficits budgétaires resteront plus élevés qu'avant la crise, au moins pendant un certain temps, et que les gouvernements doivent combler les lacunes en matière des infrastructures et maintenir des filets de sécurité sociale pour protéger les pauvres, en fournissant une défense adéquate contre les perspectives moroses pour les économies avancées. La BM souligne que les pays exportateurs de matières premières de la région tels la Mongolie, Timor Leste et Laos doivent garantir un cadre transparent pour utiliser les recettes liées aux ressources pour le développement. Quant aux pays à revenu intermédiaire de la région, à l'exclusion de la Chine, ils auront besoin d'accroître les investissements en capital physique et humain et à encourager l'innovation si elles atteignent, à terme, le statut des pays à revenus élevés.