L'Algérie pourrait bien couvrir, à très long terme, la totalité de ses besoins en électricité à partir des énergies nouvelles et renouvelables (ENR), a indiqué, hier, le directeur du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER), Maâiouf Belhamel. Les visions de développement des ENR en Algérie pourraient permettre, à un horizon relativement plus distant (2050-2070), de couvrir la totalité de nos besoins en électricité d'origine renouvelable et entrevoir son exportation vers l'Union européenne", a affirmé, hier, M. Belhamel, ajoutant que ce scénario "n'est pas du tout utopique". Les éventualités de l'Algérie en la matière sont "certainement beaucoup plus importantes" par rapport aux perspectives de développement affichées dans le cadre du programme de développement des ENR adopté récemment par le gouvernement, a-t-il assuré. A cet effet, les objectifs tracés dans le cadre de ce programme sont "tout à fait réalistes et réalisables à l'horizon affiché (2030), en tenant compte des technologies actuelles disponibles sur le marché et des moyens financiers dont dispose actuellement notre pays", estime M. Belhamel. "Bien évidemment, si les conditions nécessaires seront réunies, c'est-à-dire si les moyens financiers, humains et organisationnels étaient mis en œuvre, les buts de ce programme seront atteints à l'échéance fixée", a-t-il répété. Pour cela, a-t-il poursuivi, "une nouvelle dynamique sera mise en place pour démarrer ce processus". "C'est quatre fois un quinquennal et je crois personnellement que c'est un temps tout à fait raisonnable pour la mise en œuvre du programme", tient à souligner M. Belhamel. S'agissant du programme de recherche affecté à conduire la mise en œuvre du programme national des ENR, le directeur du CDER a expliqué que l'aspect choisi pour son exécution est de signer des conventions avec les entreprises du ministère de l'Energie et des Mines, d'un côté, et les instituts et laboratoires de recherche universitaires, de l'autre, pour travailler dans "un cadre approprié et réglementaire". Il s'agit, selon lui, de "la meilleure manière de préparer l'insertion des chercheurs dans le secteur socioéconomique". Ainsi, plusieurs conventions sont déjà signées. La première d'entre elles est conclue avec l'Aprue (Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l'utilisation de l'énergie) sur le programme de diffusion et d'industrialisation du chauffe-eau solaire. Une autre convention est signée avec le Credeg (Centre de recherche et développement dans l'électricité et le gaz-filiale Sonelgaz) en matière d'électrification rurale. Un troisième accord est passé avec CEEG (Centre d'engineering de l'électricité et du gaz-filiale Sonelgaz) concernant la diffusion des kits photovoltaïques. Le CDER s'est aussi associé avec Rouïba Eclairage (également filiale Sonelgaz) à propos de la future usine de production de modules photovoltaïques. Côté collaboration scientifique et technique, un programme de travail intensif est mis en place en coopération avec toutes les université voulant toucher aux thématiques liées aux ENR. Sur ce volet, le CDER se propose d'aider les laboratoires de recherche à mieux s'équiper dans la première phase de développement, qui s'étend jusqu'à 2013, afin d'aider les jeunes doctorants à finaliser leurs thèses liées aux thématiques des ENR dans de bonnes conditions. Il s'agit de l'objectif primordial du CDER en matière de complément des centres et laboratoires universitaires, insiste M. Belhamel, qui reconnaît que le nombre actuel de doctorants demeure "vraiment insignifiant pour les besoins de l'université elle-même et de la recherche permanente". Ainsi, le CDER vise à l'horizon 2030 d'atteindre 3 000 chercheurs permanents dans le domaine des ENR et les applications qui y sont liées, rappelle-t-il, ajoutant que le nouveau système d'enseignement supérieur LMD (licence, master, doctorat) devrait permettre de réaliser cet objectif. "Le nouveau système LMD va clarifier et améliorer encore davantage la progression par sa transparence, la qualité et les niveaux de spécialisation pour gagner en efficacité dans la prise en charge des projets qui nécessitent de plus en plus de spécialisations performantes", explique-t-il.Quant à la coopération scientifique et technique internationale, le directeur du CDER a précisé que ses fondements mis en place avec des pays amis devraient être renforcés encore davantage avec d'autres pays "qui partagent la volonté et l'approche" de l'Algérie dans le développement des énergies renouvelables. Dans cette optique, la coopération internationale que l'Algérie veut développer "exige la qualité et la stabilité des chercheurs pour asseoir des collaborations mutuellement profitables et pérennes et des relations humaines irréprochables qui ne sont pas basées que sur des considérations financières", souligne M. Belhamel. Créé en 1988 sous la tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le CDER est un établissement public scientifique et technique (EPST) et organisme pilote du programme national de recherche en ENR. Les missions qui lui sont assignées portent, dans une première phase, sur la sensibilisation, l'information et la promotion de l'utilisation des énergies renouvelables auprès des jeunes au sein de l'éducation, de la formation professionnelle et dans l'enseignement supérieur. Ces actions devraient ensuite toucher tous les secteurs gros consommateurs de l'énergie comme l'industrie, l'habitat et les transports, explique, par ailleurs, M. Belhamel. En outre, le CDER fait partie d'un réseau national composé d'une dizaine d'établissements universitaires offrant des formations doctorales dans les ENR et organisés autour de l'Université de Tlemcen comme pôle de coordination, précise-t-il, ajoutant que ce réseau devrait s'ouvrir prochainement à d'autres établissements afin de toucher toutes les grandes universités du pays. Actuellement, le CDER regroupe 250 chercheurs dont 131 au niveau de son siège d'Alger et 119 répartis sur trois divisions régionales (Tipaza, Ghardaïa et Adrar). Toujours dans le cadre de la mise en œuvre du programme national de recherche en ENR, il aspire à atteindre un nombre total de 300 chercheurs en 2014 et d'ouvrir de nouvelles unités régionales à la même échéance, notamment à Boughezoul (Médéa), El Oued et Béchar.