France Télécom a signalé, hier, l'effondrement de sa rentabilité au premier trimestre, au moment où de grandes pressions concurrentielles ont pesé sur sa part de marché dans le mobile et sur ses conquêtes dans le fixe.L'opérateur est numéro un, il paie le prix d'une politique commerciale plus agressive sur son marché historique, destinée à faire face notamment au lancement d'une nouvelle "box" par le challenger Free et aux turbulences liées au récent changement de taxation dans le secteur. Le groupe a cependant confirmé l'ensemble de ses objectifs, dont un cash flow organique de huit milliards d'euros en 2011 et un dividende de 1,40 euro par action au titre de l'exercice en cours et de 2012. Lors d'une conférence téléphonique, faisant état d'une concurrence toujours intense avec SFR, Bouygues et Iliad, le directeur financier de France Télécom Gervais Pellissier a commenté "On voit un marché français assez dynamique". Les ventes trimestrielles de France Télécom se sont établies à 11,23 milliards d'euros et sa marge d'Ebitda retraité à 33,3% (-1,3 point). En données publiées, l'Ebitda était de 3,7 milliards d'euros, conforme aux attentes des analystes. L'action France Télécom a reculé hier après midi de 0,5%, à 15,78 euros, dans une capitalisation boursière de 41,8 milliards d'euros, la quatrième plus importante du secteur en Europe. Dans le même temps l'indice sectoriel des télécoms cédait 0,6%. Férocité de la concurrence La performance de l'opérateur en France a constitué le principal point de déception, selon plusieurs analystes, France Télécom génère, en France, plus de la moitié de son chiffre d'affaires et de sa rentabilité, les ventes ont reculé à 5,62 milliards d'euros (-2,5% à périmètre comparable). "C'est inquiétant pour la France parce que le fixe recule plus que ce qu'on attendait. Pour le mobile, c'est plutôt une bonne tenue liée aux ventes des smartphones", juge un analyste basé à Paris. La part de conquêtes de nouveaux abonnés dans la téléphonie fixe et l'internet (ADSL) est tombée à 20%, contre 36% au quatrième trimestre 2010, alors que la part de marché grand public dans le mobile a reculé à 41,6%, contre 42,1% en fin d'année dernière. "On avait dit que le premier trimestre serait plus tendu parce que certains de nos concurrents ont retrouvé du dynamisme (...) Ce 20% n'est pas une mauvaise surprise pour nous", a expliqué le directeur financier. "On espère être meilleur au deuxième trimestre", a-t-il ajouté. Lors d'une conférence avec les analystes France Télécom, Gervais Pellissier a précisé que l'entreprise de télécommunications continue de viser en France, une part de conquête de 30% sur l'ensemble de l'année dans l'ADSL. Revue du portefeuille Européen Le directeur financier a ajouté que France Télécom effectuait une revue de son portefeuille européen d'actifs, mais excluait dans ce cadre de sortir de d'Espagne, de Pologne et de son marché historique. "La revue se fait en ce moment. (...) Mais ça ne conduit pas forcément à des cessions", a indiqué Gervais Pellissier. Il a par ailleurs, ajouté, lors d'une conférence téléphonique avec la presse, qu'aucune opération n'était actuellement en cours dans le cadre de la revue. Le processus intervient en parallèle de la stratégie d'acquisition affichée par Orange en Afrique, au Moyen-Orient et plus généralement dans les pays émergents, où le groupe français compte doubler ses ventes à l'horizon 2015. "Les initiatives de rationalisation de la base de coûts et du portefeuille d'actifs en Europe (...) pourraient entretenir un 'news flow' favorable sur le titre ces prochaines semaines", estime un analyste de CM-CIC dans une note. Le groupe détaillera probablement sa revue d'actifs en Europe lors de son "investor day", qui aura lieu le 31 mai. Lakhdar M.