Alerte rouge sur un patrimoine séculaire: si rien n'est fait en urgence, la bibliothèque traditionnelle de Kenadsa tombera en ruine. Pourtant, en 2004, une opération de consolidation de la bâtisse abritant la "khizana" a été menée et aujourd'hui, ce risque mettrait en péril un pan du patrimoine immatériel national, représenté notamment par les manuscrits s'y trouvant. L'édifice, situé à l'intérieur du ksar de Kenadsa, faisait anciennement partie des lieux communs de la zaouïa et de la mosquée du saint Sidi-M'hamed Ben-Bouziane, fondateur de la tarîqa Ezziani-Echadoulia, au 15ème siècle. Cette nouvelle menace d'effondrement a été induite par les intempéries enregistrées en octobre 2008 dans la région de Béchar, qui ont causé des "dégâts très importants" à cette structure. "Les dégâts causés à sa toiture ont fait que celle-ci est sujette à des infiltrations d'eau de pluies qui risquent d'abîmer les ouvrages de la khizana", a expliqué à cet égard son responsable, Sidi-Béchar Tahiri, lui-même descendant de Sidi-M'hamed Ben-Bouziane. " Cette situation fait courir un risque à une importante collection de plus de 200 anciens manuscrits datant de plusieurs siècles ainsi qu'à des milliers d'autres documents, livres, ouvrages, revues, et un inestimable lot d'objets artistiques et d'artisanat d'un intérêt historique certain", a-t-il souligné. Les manuscrits de la khizana, dont certains datent de plus de neuf siècles, traitent de divers thèmes de la théologie musulmane. Une autre partie du fonds documentaire est composée d'écrits sur différents aspects de la vie sociale et religieuse du Sud-Ouest du pays. Aussi, le responsable de la khizana estime-t-il aujourd'hui "urgent" de "lancer" encore une opération de réhabilitation de cet édifice, qui couvre plus de 400 m2 bâtis, afin de sauvegarder cette structure qui est une partie intégrante du ksar de Kenadsa, classé patrimoine architectural national. Il rappelle, en ce sens, que l'opération de réhabilitation de la mosquée et du mausolée du ksar, entamée par le secteur de la Culture pour un montant de 10 millions de Dinars, ne concerne pas les autres structures de celui-ci, dont la khizana. Une affirmation confirmée par la direction de la culture de la wilaya qui atteste, en effet, "qu'aucune opération de restauration de ce lieu n'est retenue effectivement pour le moment". Malgré cet aléa, la khizana de Kenadsa continue d'être un espace de rayonnement culturel, à travers l'organisation de diverses manifestations, et autres activités scientifiques et la collecte et l'étude des manuscrits et autres ouvrages pouvant avoir une valeur inestimable, affirme enfin son responsable. On aurait pu y penser avant Tlemcen, 2011! R.C.