La Bibliothèque nationale (BN) a entamé une opération de repérage et de recensement des manuscrits anciens et documents rares à travers les différentes régions du pays, et ce, en vue de les sauvegarder en prenant en charge leur restauration et leur numérisation. Car, rangés dans des khizanates (pl. de khizana, en arabe, armoire ou bibliothèque) traditionnelles, ces manuscrits, vieux livres et documents sont exposés à la poussière, et les changements de températures qui, s'ajoutant à la manipulation, les ont fragilisés. Il faut préciser également que l'encre utilisée pour la rédaction des manuscrits peut, au fil du temps, subir des altérations au contact de l'air, et, suite à des réactions chimiques, s'acidifier. Elle peut ainsi devenir un agent destructeur fragilisant un peu plus le support qui peut s'effriter à la moindre manipulation. L'opération de la BN, selon son directeur général, Rabah Sebaa, qui a justement fait le déplacement à Béchar pour s'enquérir de son déroulement, s'inscrit dans le cadre d'un programme de préservation et de protection de ce patrimoine matériel. Le but recherché à travers ce projet est de répertorier l'ensemble des manuscrits et autres documents rares d'intérêt historique ou culturel avant d'entamer ensuite leur restauration et leur préservation contre les différentes agressions qui pourraient précipiter leur destruction, dira M. Sebaa, cité par l'APS. Le projet, entamé cette semaine à partir de la khizana de Kenadsa, qui est rattachée à la zaouïa Ziania, où sont recensés plus de 200 manuscrits, est une étape «très importante dans la sauvegarde de notre patrimoine», a poursuivi le responsable. Une fois restaurés, les manuscrits seront tous numérisés. Ce n'est qu'à partir de ce moment qu'ils pourront être mis à la disposition des chercheurs ou tout autres institutions concernées. La BN, qui possède un laboratoire de restauration des manuscrits et une équipe de restaurateurs spécialisés, a déjà procédé à la numérisation de 1 200 manuscrits sur les 4 200 qu'elle détient. La BN va aussi contribuer, au titre d'une convention avec la khizana de Kenadsa, à la formation d'un personnel local aux technologies de restauration et de numérisation des manuscrits, dira M. Sebaa. Cette démarche sera, par la suite, généralisée à l'ensemble des khizanates du sud-ouest et des autres régions du pays. Il faut préciser que la Bibliothèque nationale a déjà proposé par le passé à tous les propriétaires privés de khizanates de les doter d'armoires appropriées pour le rangement de leurs manuscrits, qui seront ainsi préservés des attaques du milieu extérieur, en attendant de les convaincre de les lui confier pour les restaurer et les numériser. Car, une grande partie des manuscrits est détenue par des particuliers qui, les ayant hérités de leurs ancêtres, ont du mal à s'en séparer. Quant aux bibliothèques des zaouïas, la BN leur a proposé de former des jeunes pour les initier aux techniques de préservation d'un manuscrit, ce qui prolongera leur vie jusqu'à l'entrée en jeu des restaurateurs. Parallèlement, à la demande du Président, un institut du manuscrit a été ouvert à Adrar. Ce dernier s'est appuyé sur les cheikhs, les notables et les maalims des zaouïas, leur demandant d'intercéder auprès des familles détentrices de khizaznates pour les convaincre de remettre les manuscrits en leur possession afin qu'ils soient restaurés et numérisés. H. G.