Sensibles périssables, les fruits et légumes nécessitent une logistique sans faille. Un navire en retard, une mauvaise manutention et c'est une cargaison entière qui est menacée de destruction. En Méditerranée occidentale, les ports de surface modeste ont su se tailler la belle part face au grand port de Marseille, pourtant fort bien équipé, selon les experts de Medfel (Salon international d'affaires de la filière des fruits et légumes de l'Euro méditerranée) qui a dressé cette semaine un état des lieux sur le transit des fruits et légumes de la région sud de la Méditerranée. L'adage des chargeurs selon lequel, il vaut mieux être un grand client dans un petit port qu'un petit client dans un grand port semble se vérifier dans la filière des fruits et légumes où la chaîne logistique maritime réfrigérée se doit d'être sans faille pour que les denrées parviennent intactes sur les étals, recommandent-ils. Avantage concurrentiel ou frein ? Ou encore protectionnisme du marché européen ? L'administration joue en tout cas un rôle pivot dans le transit des produits frais, soumis aux contrôles douaniers et phytosanitaires qui ne sont pas souvent acceptables en termes de lenteurs bureaucratiques, selon les mêmes experts. Et c'est ainsi que le cas des pays maghrébins et de l'Algérie a été cité dans ce sens. "Par exemple, les exportateurs algériens des pommes de terre subissent la rigueur des contrôles qui dépassent l'imaginable en termes de procédures multiples", ont-ils fait remarquer. Il n'est pas rare de voir des conteneurs entiers bloqués avant l'embarquement vers la France ! Un drame pour les pommes de terre qui ne sont pas conditionnées dans un conteneur reefer pour des raisons de coût. " Nous avons beaucoup de litiges sur la pomme de terre algérienne", admet Daniel Soares, responsable marketing international d'Interfel (Interprofession de la filière française des fruits et légumes frais fondée en 1976). Le consortium franco-algérien Calfrex, fondé, il y a trois ans, tente actuellement de dynamiser les expéditions algériennes de fruits et de légumes vers la France et l'Europe. " L'Algérie n'exporte pourtant que 5 500 tonnes de fruits et légumes frais vers la France, et essentiellement des dattes " estiment les analystes d' Interfel (Interprofession française des fruits et légumes frais) qui ont dénoncé ce type de blocage douanier des produits agricoles maghrébins et surtout algériens. Le développement de la filière agricole est devenu un véritable enjeu pour les années à venir dans les pays du Maghreb, ce secteur étant pourvoyeur de main d'œuvre non qualifiée. Mais pour cela, de l'autre côté de la Méditerranée, les pays européens devront baisser davantage la garde et accepter d'importer davantage de productions maghrébines, selon les règles de la concurrence et du commerce. Le manque de fiabilité a fait fuir les importateurs de fruits et légumes locaux vers d'autres ports tels que Canavese, Flessingue, Anvers, Dunkerque, Rotterdam qui sont des modèles du genre. Ces derniers traitent, selon les experts de Medfel, les fruits et légumes, de façon industrielle alors que l'artisanat et la customisation prédominent dans les ports du Sud de la Méditerranée. Ceci doit faire réfléchir les opérateurs économiques algériens des fruits et légumes qui désirent exporter à destination de la France, notamment en termes de logistique. Le protectionnisme économique est toujours en vigueur et se cachent derrière des procédures douanières européennes inextricables.