La directrice de l'Organisation mondiale de la santé, le Docteur Margaret Chan, a insisté sur son engagement personnel pour assurer dans tous les pays l'accès aux vaccins contre le virus H5N1 pour enrayer une éventuelle pandémie de grippe aviaire. Cette déclaration faite par la directrice de l'OMS, lors de l'assemblée annuelle de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève était suivie d'un plan de bataille contre le risque de pandémie de grippe aviaire et pour l'amélioration de la santé de millions d'Africains. Docteur Margaret Chan a relevé que les premiers accords de transfert de technologie pour les fabricants de vaccins dans les pays en voie de développement ont été signés, en indiquant être engagée dans un "dialogue avec des entreprises leaders dans la production de vaccins anti-pandémiques". Par ailleurs, elle a insisté sur le fait que la charge écrasante de la maladie est portée aujourd'hui par la population africaine et que la distinction entre les problèmes de santé des pays riches et des pays pauvres n'est plus absolue. "Beaucoup de pays riches ont de plus en plus de villes-taudis qui absorbent les ressources du système de santé et mettent en danger leurs systèmes de protection sociale", a-t-elle noté. En revanche, a-t-elle poursuivi, "de plus en plus de pays en voie de développement ont maintenant des poches de richesse auxquelles est consacrée la part du lion des dépenses de santé". En outre, la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a critiquée les pays qui ne veulent pas partager avec d'autres leurs échantillons de virus H5N1, les accusant de bloquer le combat mené contre la pandémie. Si elle n'a désigné aucun pays nommément, l'Indonésie et la Chine sont les principaux résistants. Le gouvernement de Djakarta, notamment, est en conflit avec l'OMS depuis l'an dernier à propos du virus. "Si vous ne partagez pas le virus avec nous (...) je vous ferai échouer", a avertie Dr. Margaret Chan dans un discours destiné aux 193 Etats membres. Sans les échantillons du très pathogène H5N1 provenant des pays touchés, "vous me liez les mains, vous me rendez sourde et aveugle", a-t-elle expliqué. Bien que le ministre indonésien de la Santé ait annoncé mardi que son pays avait bien partagé trois échantillons de virus avec un laboratoire japonais accrédité par l'OMS, rien ne dit que les prochains le seront aussi. En effet, l'Indonésie s'est plainte de ce que ces virus serviraient à la mise au point de vaccins qu'elle n'aurait pas les moyens d'acheter, ce qui engendrera une grande catastrophe humanitaire. Les autorités chinoises ne se sont pas non plus montrées très coopératives. Aucun virus H5N1 n'a été envoyé de Chine depuis près d'un an, une période pendant laquelle Pékin a fait état de plusieurs cas de grippe aviaire. La Chine prépare cinq échantillons de virus à partager avec l'OMS, mais on ne sait pas quand ils vont être envoyés, a déclaré le porte-parole de l'OMS, Gregory Hartl. Les scientifiques ont besoin du dernier virus en circulation Margaret Chan a averti qu'une pandémie de grippe représenterait la plus grande menace sanitaire mondiale du XXIe siècle. Suivre à la trace l'évolution du H5N1 est, selon elle, essentiel pour déterminer avec précision à quel moment les mutations rendraient le virus capable de passer plus facilement d'homme à homme. Sans les échantillons habituels de H5N1, a averti la directrice générale, les stocks de vaccins pré-pandémiques et d'antiviraux que de nombreux pays ont déjà achetés seront perdus. "J'ai besoin du virus pour suivre les nouveaux modèles de résistance, pour que vos investissements en anti-rétroviraux ne disparaissent pas dans les égouts", a-t-elle ajouté. Plusieurs vaccins pré-pandémiques en cours d'essais, conçus à partir du H5N1, existent déjà, mais compte tenu des mutations, les scientifiques ont besoin du dernier virus en circulation pour être sûrs de l'efficacité de leur préparation. Trois brouillons de résolution concernant le partage d'échantillons de grippe aviaire et l'accès à un vaccin sont étudiés par un groupe d'experts à l'occasion de la réunion annuelle de l'OMS. Les nouvelles recommandations sanitaires internationales de l'OMS concernant la prévention et la prise en charge des menaces sanitaires seront applicables le 15 juin. De nombreux pays les ont déjà adoptées. Elles les obligent notamment à avertir en cas de pandémie grippale, et permettent à l'OMS d'agir directement sur les sources d'information crédibles, plutôt que de passer par les canaux officiels.