Très peu de gens connaissent le cinéaste, Rabah Ameur-Zaïmeche, et pourtant, il fait des choses très touchantes. Après son succulent, " Bled Number One ", paraphé en 2006, le réalisateur récidive avec, tout à fait autre chose, "Les Chants de Mandrin",, qui nous replonge dans l'univers historique du 18ème siècle où il s'agit d'honneur et de politique. Paraphé cette année, le film n'est malheureusement pas distribué chez nous mais en Outre-mer. Pourtant, ce quatrième long métrage du cinéaste qui vit depuis des années à Paris, s'est vu decerner le 04 mai dernier, avant même sa sortie, le prix Jean Vigo 2011, qui récompense "un auteur d'avenir" Avec Les Chants de Mandrin, Rabah-Ameur Zaïmèche se penche sur la vie du hors-la-loi Mandrin (1725-1755), une sorte de bandit politique en révolte contre l'Ancien Régime, dont la légende naît au pied du gibet et dont il reste une complainte qui vante ses faits d'armes. "Après l'exécution de Louis Mandrin, célèbre hors-la-loi et héros populaire du milieu du XVIIIe siècle, ses compagnons risquent l'aventure d'une nouvelle campagne de contrebande dans les provinces de France. Sous la protection de leurs armes, les contrebandiers organisent aux abords des villages, des marchés sauvages où ils vendent tabac, étoffes et produits précieux. Ils écrivent des chants en l'honneur de Mandrin, les impriment et les distribuent aux paysans du royaume." Soutenu par les régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, Les Chants de Mandrin a été tourné à la fin de l'automne dans l'Aveyron et dans l'Hérault, avec Hippolyte Girardot, Sylvain Roume, Abel Jafri, Jacques Nolot, le philosophe Jean-Luc Nancy et le réalisateur. Distribué par MK2, le film de 90 mn est une coproduction Franco-espano-belge. Bled Number One, un film touchant Quand Rabah Ameur- Zaïmeche, présentait pour la premier fois en 2006 son deuxième long métrage, " Bled Number One " au cinéma l'ABC, il avouait tout fier “qu'il avait tourné ce film à Skikda, ma ville natale " où je n'y suis pas allé depuis 17 années" affirme Rabah Ameur- Zaïmeche qui venait de Paris pour faire la promotion de son film. Un film d'ailleurs paraphé, trois années après son premier long métrage, Wesh Wesh qui a remporté le Prix de la jeunesse au festival de Cannes 2006 où il a été projeté dans la section, " Un certain regard". Si " Bled Number One" est touchant , c'est qu'il s'agissait d'un drame. Il est vrai qu'il y a beaucoup de dialogues dans le long métrage, mais l'image, hautement expressive, vous fait titiller tant elle replonge dans cette Algérie populaire des maisons vieillottes, des routes défoncées et des magasins en baraques. "La plupart des acteurs sont des membres de ma famille dont la plupart n'ont jamais figuré dans une œuvre cinématographique. Mais je les trouve géniaux et même eux, quand ils se sont vus, ont vécu un moment très émotif " se rappelle encore ce réalisateur jeune qui espérait que son film, "provoquera en Algérie un échange, un vrai dialogue aussi libéral que démocratique avec le public algérien " souhaite-t-il. La représentante de Cinéma du losange, qui a accompagné le jeune cinéaste, soutenait pour sa part, que la sortie internationale de ce film est " une véritable réussite, et qu'en France seulement il a enregistré pas moins de 100 000 entrées en une semaine" dira-elle, en avouant que ce produit vivait " une très belle carrière que ce soit au Canada ou ailleurs ". Un succès qui est allé, d'ailleurs, droit au cœur de Rabah Ameur-Zaïmeche, qui souhaite passer très vite à autre chose, c'est-à-dire à une autre production qui sera certainement la suite de Bled Number One. Nous y voici "Les Chants de Mandrin " ! En fait, le réalisateur était en plein dans le processus filmique d'une trilogie, puisque déjà l'avant-dernier long métrage est la suite logique de Wesh Wesh. Bled Number One, dont la fin est ouverte puisque Kamel, (Rabah Ameur- Zaïmeche) le personnage central du film, qui découvre son Algérie dont il ne connaît rien étouffe. Il est au bord de la folie ; son rêve c'est d'aller ailleurs par n'importe quelle manière…… "L'on peut imaginer Kamel embarquer dans un bateau clandestin avec plein de jeunes et atterrir sur les côtes tunisiennes …. " proposait le réalisateur qui avoue tout son bonheur de se retrouver en Algérie avec son film. Film dont le temps est suspendu, Bled Number one fonctionne un peu comme le documentaire ou le découvreur des traditions ancestrales, des femmes recluses et surtout des hommes qui ont l'honneur à fleur de peau. " C'est un autre rapport au temps, où il ne s'agit pas, forcément, de filmer une réalité immédiate, de manière réaliste. Il s'agit d'une proposition, juste présenter des choses, non pas porter de jugement. (...) Pour écrire Bled Number One, je ne suis pas du tout retourné en Algérie pour y capter quelque chose de la jeunesse d'aujourd'hui. J'ai écrit cette histoire avec mes souvenirs de vacances. Mais, c'est aussi, parce que je sentais que les choses n'avaient pas vraiment bougé, que le temps passe différemment là-bas. Tu as le temps de réfléchir, et d'être en face des éléments. (...) Un film, c'est un geste, un élan, un travail, une entreprise, une action. Une action dans la vie, une pure leçon de vie. C'est là où l'on saisit quelque chose du vivant. Il faut demeurer vivant, quoiqu'il arrive " disait-il.