La Commission de régulation de l'énergie (CRE) n'entérine pas le tarif arrêté par les pouvoirs publics pour la vente de l'électricité nucléaire d'EDF à ses concurrents et propose un prix moins élevé, ont affirmé, hier, des sources proches du dossier. Le gouvernement a choisi de fixer ce prix à 40 euros au 1er juillet puis à 42 euros le mégawatt-heure (MWh) au 1er janvier 2012, s'alignant ainsi sur les demandes d'EDF, alors que ses concurrents réclamaient un prix de 35 euros/MWh dans le cadre de la loi sur la nouvelle organisation du marché de l'électricité (dite loi NOME). Mais l'autorité de régulation de l'énergie estime que ce tarif est trop élevé et propose une fourchette allant de 36 à 39 euros le MWh, selon les mêmes sources. Il a été fait état également d'une délibération de la CRE dans laquelle cette dernière indique avoir établi "la méthode d'identification et de comptabilisation des coûts pour refléter les conditions économiques de production de l'électricité nucléaire historique". Elle reconnaît que le gouvernement entend anticiper "les investissements indispensables à la mise en sécurité des centrales nucléaires", mais souligne que "ces coûts ne sont pas connus à ce jour, et la CRE n'est donc pas en mesure de les apprécier". L'autorité préconise donc "que les effets éventuels sur les coûts de production des audits diligentés sur l'ensemble du parc nucléaire français ne soient évalués qu'à mesure qu'ils se matérialiseront dans les comptes d'EDF et qu'ils soient alors intégralement intégrés au prix de l'accès régulé à l'électricité nucléaire historique". Votée sous la pression de la Commission européenne, la loi Nome avait pour objectif de doper la concurrence sur le marché français de l'électricité. Pour rappel, réagissant à des informations révélant en mars dernier le souhait du groupe français EDF de voir augmenter les prix de l'électricité de plus de 5 % par an, le ministre de l'énergie, Eric Besson, a assuré que le gouvernement n'étudiait aucune hausse importante des tarifs et notamment que le prix de l'électricité n'augmenterait que légèrement cet été. "A l'été, pas avant l'été, il y aura une légère augmentation des tarifs de l'électricité. Légère, légère, rien à voir avec ce que vous évoquez", a dit Eric Besson lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. "Le gouvernement s'attachera à la protection du pouvoir d'achat des Français. Nous n'avons que deux préoccupations : la compétitivité de notre industrie, le pouvoir d'achat des Français", a-t-il ajouté. "Le gouvernement n'étudie aucune hausse importante des tarifs de l'électricité." L'EDF, contrôlée par l'Etat, voudrait que les pouvoirs publics décident d'augmentations annuelles du prix de l'électricité comprises entre 5,1 % et 6,5 % jusqu'en 2015, inflation comprise. Le quotidien, qui ne précise pas ses sources, relève que cela déboucherait sur une hausse totale d'environ 30 % en cinq ans, et marquerait une nette rupture avec les précédentes hausses décidées par l'Etat, oscillant depuis 2007 entre 1 et 3 %. Mais EDF a démenti mercredi, par la voix d'un porte-parole, avoir fait une demande formelle au gouvernement d'augmentation des tarifs de l'électricité sur cinq ans. La facture d'électricité des Français, qui est une des plus basses d'Europe, a augmenté de 3 % le 15 août 2010 et à nouveau de 3 % au 1er janvier 2011. De nouvelles hausses de prix ont d'ores et déjà été annoncées pour assurer le développement des énergies renouvelables, en particulier de l'énergie solaire, financées par une taxe sur l'électricité (la contribution au service public de l'électricité).