Deux milliards de dollars, est le chiffre d'affaires des activités commerciales dans l'informel, secteur qui échappe totalement au contrôle de l'Etat. Ce chiffre qui a été annoncé avant-hier au forum d'El Moudjahid, par l'expert financier, M. Malek Serrai, reflète l'ampleur qu'a pris ce fléau qui ronge l'économie nationale. Le "trabendo", mot né dans l'Ouest algérien et qui est tiré de "contrebande", n'est plus depuis longtemps un banal phénomène de société, comme il y en a tant chez nous, mais un puissant soubassement socio-économique, une véritable institution, économiquement structurée, socialement hiérarchisée, génératrice d'immenses profits et pourvoyeuse de centaines de milliers d'emplois directs et indirects, avec tout ce que cela suppose comme retombées sur les équilibres macro-économiques du pays. La capitale algérienne, vitrine du pays, voit ses artères les plus renommées se transformer en de véritables souks, et compte à elle seule des dizaines de marchés informels, qui disparaissent momentanément, pour réapparaître au même endroit ou ailleurs. Les personnes qui activent dans le secteur informel participent à l'appauvrissement des algériens. En refusant d'être des contribuables, elles poussent les pouvoirs publics à puiser dans les revenus des hydrocarbures pour couvrir les dépenses publiques, ce qui favorise la dépendance énergétique de l'économie algérienne. Cette situation, qui est née d'une période de non-droit, pendant les années 90, est devenue florissante ces dernières années, où l'économie algérienne a repris son souffle, avec un taux d'inflation de 1,5 à 2,5% et un taux de chômage de 12,3%, selon les chiffres officiels. La croissance de l'économie algérienne, souvent boostée par le secteur de l'habitat tourne au tour de 5%. L'éradication du secteur informel qui déploie de plus en plus ses tentacules, en le réglementant et soumettant à une fiscalité adaptée est devenue une urgence pour réussir les réformes du secteur économique et encourager l'investissement. En effet, le poids de la fiscalité pèse lourdement sur les seules entreprises qui déclarent leurs activités et qui s'acquittent effectivement de leur devoir fiscal, tandis que des concurrents de plus en plus puissants, installés durablement dans l'informel et peu soucieux de l'observation des lois et des règlements, accaparent chaque jour de nouvelles parts de marché. Cette forme de concurrence déloyale est destructrice pour nos entreprises et, à terme, pour l'économie nationale toute entière et décourage tout opérateur économique étranger à investir le marché algérien.