La wilaya n'est pas seulement un littoral avec des plages merveilleuses, elle recèle aussi d'autres merveilles Avec ses nombreux monuments illustres et ses œuvres, Béjaïa témoigne d'une prodigieuse mémoire, plusieurs fois millénaire, où elle fut le grand phare de la civilisation orientalo-méditerranéenne. Ses sites représentent aujourd'hui, des potentialités culturelles et touristiques inexploitées et inestimables pour peu qu'on les mette en valeur. Si, à une certaine époque Béjaïa a su conjuguer la diversité culturelle pour être " capitale intellectuelle " avec sa diversité culturelle où se rencontraient savants, ulémas et hommes de culture, aujourd'hui, la culture dans la région s'exprime uniquement par des galas musicaux. De tous les sites historiques existants au niveau de la wilaya, aucun n'est exploité ni à des fins culturelles ni à des fins touristiques, pourtant rien n'empêche de faire de la Casbah un lieu de détente où se mêleront arts et loisirs, à l'instar de certaines autres wilayas, ou de faire du fort Abdelkader un lieu où l'art culinaire et les terrasses des salons de glaces se côtoieront. Aujourd'hui, tous ces sites se dégradent au vu et au su de tous. D'autres curiosités tombent dans l'oubli telles que le grand phare du Cap Carbon, l'un des plus hauts phares naturels au monde, les ruines romaines de Tiklat à El-Kseur, les grottes féeriques d'Aokas, la mosquée de Mellala, la cascade de Kefrida à Souk Ek-Tenine et la liste est longue. Longtemps délaissée par les décideurs, la vie touristique se résume à l'exploitation des plages en saison estivale et à des exploitations de produits artisanaux à l'occasion des journées commémoratives. Le volet culturel quant à lui n'arrive pas à échapper aux réflexes ancrés dans l'esprit d'anciens gestionnaires. En effet, Béjaïa bénéficie de structures culturelles et pas des moindres, un théâtre régional, mais dont le rideau se lève très rarement, des salles de cinéma datant de l'époque coloniale qui ne diffusent plus aucune image sauf exceptionnellement ; une Maison de la culture qui est transformée en salle de couture et de dessin. Pourtant, cette dernière structure peut être à la fois café-théâtre, café-librairie, ou tout simplement lieu de rencontres d'hommes et de femmes de culture. Le citoyen entre temps désœuvré, abandonné, accumule le stress quotidien sans pouvoir se détendre, voir un film, faire des randonnées à travers l'immense forêt qui entoure la wilaya. Même les visiteurs venus d'ailleurs, s'interrogent sur l'inexploitation de ces sites touristiques qu'ils (les visiteurs) découvrent au hasard, car ni guide, ni dépliant, ni orientation des services de l'administration du tourisme ne sont disponibles. Le déficit en matière de valorisation des sites est flagrant, l'état actuel de ces monuments nous rappelle la légende rapportée par Ch. Ferrand (Revue africaine) où le roi Nacer parvint un jour à tirer de ses méditations Sidi-Touati, personnage vivant dans l'ascétisme et vénéré de tous. " Admire " lui dit Moulay Nacer " la splendeur dont brille aujourd'hui notre capitale". Sidi-Touati au lieu de s'enthousiasmer adressa de vives remontrances au sultan et lui dit " tu oublies l'instabilité des choses humaines " et le vénéré Sidi-Touati déploya son burnous devant les yeux du sultan et ce dernier aperçut à travers le burnous, le sol jonché de ruines ". Selon la légende, le roi vit Béjaïa des temps modernes et presque inhabitée. Pour nous, les ruines peuvent engendrer un élan certain pour le développement du tourisme, pour peu que l'exploitation et la gestion de ces trésors soient rationnelles.