Malgré l'annonce, par le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, de l'augmentation de 30% des salaires des travailleurs du secteur, ces derniers poursuivaient, hier, leur grève au grand dam des citoyens qui commencent à ressentir sérieusement les conséquences de ce mouvement sur leur quotidien. Outre qu'ils exigent une revalorisation de 70%, les grévistes veulent du concret et tout de suite. C'est ce que nous ont déclaré, hier, les travailleurs de la Grande Poste à Alger, qui étaient nombreux à se rassembler devant leur lieu de travail, pour exprimer leur mécontentement et afficher leur détermination à poursuivre leur mouvement de protestation. Ce mouvement de grève, dans ce secteur névralgique de la société, pénalise grandement le citoyen. A l'intérieur de la Grande Poste, la tension est vive.Ce sont les directeurs territoriaux qui assurent le service minimum. "Je vous jure que je n'ai aucun sou à la maison, même pas 200 DA pour subvenir aux besoins les plus élémentaires", déplore une dame visiblement très inquiète. Des heurts ont même éclaté avec les préposés aux guichets. Les citoyens présents, très nombreux, ont exprimé leur mécontentement. "J'en ai rien à faire de vos revendications, si vous voulez manifester, assiégez la Présidence, investissez la rue, mais pas à mon détriment, en me privant de mon salaire", crie un quinquagénaire en face des grévistes qui l'observaient de loin. D'autres, plus compréhensifs, préconisent d'autres moyens pour manifester. "On les comprend, eux aussi, c'est leur droit d'exprimer leur ras-le-bol, mais il faut comprendre le citoyen qui est la seule victime de ce mouvement." Il est vrai que cette grève prive des millions de foyers d'Algériens de leurs salaires et pensions de retraite. Une employée de la poste, consciente du désagrément causé aux citoyens, nous dira : "Ecrivez que nous sommes avant tout des Algériens, que nous aimons tant notre Algérie, et nous ne voulons nullement mettre le citoyen dans l'embarras, mais il faut nous comprendre, nous sommes aussi des victimes."Les postiers de la capitale n'ont donc pas assuré de service hier, malgré l'annonce du ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Moussa Benhamadi, d'une augmentation de 30% de leurs salaires. "Cette augmentation est une provocation pour nous, voire une défaite", nous déclare un employé. Les postiers qui en sont à leur onzième jour de débrayage, leur grève ayant commencé le 28 mai sans préavis, dénoncent le non-respect des accords de 2003 signés avec le gouvernement et revendiquent leur application immédiate. La tutelle, dans une tentative d'apaisement, a fixé le 24 juin comme date butoir pour répondre favorablement aux revendications des postiers. "Nous ne croyons pas les journaux, nous attendons du concret, en l'occurrence une circulaire signée par le ministre lui-même pour reprendre le travail." Les travailleurs de la poste exigent une revalorisation de 75% de leur salaire avec effet rétroactif au 1er janvier 2008 et réclament, en outre, une prime de rendement individuelle et collective ainsi qu'un avancement et un positionnement de grade de fonction de la compétence.