Les travailleurs de la zone industrielle de Rouiba ne décolèrent pas. Les fortes pluies qui se sont abattues hier sur la capitale ne les ont pas empêchés de poursuivre leur mouvement de grève qui entame sa deuxième semaine. Comme à l'accoutumée, les grévistes de la Société nationale de véhicules industriels (SNVI) ont tenu, hier matin, une assemblée générale avec les travailleurs de l'ensemble des unités. Le nouvel élément de cette réunion consiste à informer les travailleurs sur les réponses fournies par la Centrale syndicale à l'issue d'une réunion tenue avant-hier soir entre les membres du bureau fédéral et les responsables de l'UGTA. «Le bureau fédéral s'est déplacé hier à la centrale syndicale pour discuter de la situation et tenter d'avoir de nouveau éléments. Malheureusement, aucune réponse qui puisse satisfaire les travailleurs ou les convaincre d'abandonner leur mouvement de grève n'a été apportée», nous explique Mustapha Zetoutou, premier secrétaire de la section syndicale de la SNVI. La seule réponse fournie aux revendications des travailleurs concerne l'augmentation de salaires qui ne peut se faire que dans le cadre des conventions de branches, comme cela a été décidé auparavant. La Centrale syndicale a réitéré son maintien de la décision de suppression de la retraite anticipée. «Une position qui n'arrange pas les travailleurs, qui ont décidé de poursuivre la grève jusqu'à obtention d'une réponse satisfaisante», a ajouté M. Zetoutou. Date pour la révision des salaires Juste après ce débat houleux, les travailleurs ont observé leur marche quotidienne. Regroupés au sein de l'une des unités de la SNVI, les travailleurs ont marché tout le long du tronçon limitant la superficie de l'entreprise en signe de contestation de cette position qu'ils ont qualifiée de «méprisante et d'injuste». Les travailleurs ont adressé en début d'après-midi une lettre au PDG de la SNVI dans laquelle ils ont demandé «que les négociations sur le régime indemnitaire et la grille des salaires soient enclenchées», a précisé M. Zetoutou. Ils ont également rédigé une déclaration dans laquelle ils sont revenus sur la situation des travailleurs et les motifs de la grève. Même mouvement observé dans les autres entreprises de cette zone industrielle dont Mobesco et Cammo, où la grève continue d'être le mot d'ordre de la majorité des travailleurs, en dépit des pressions exercées sur certains d'entre eux en vue de reprendre leur postes de travail. «Certains fonctionnaires temporaires (sous contrat) ont commencé à reprendre le travail depuis l'après-midi d'hier après avoir été avertis de la résiliation de leurs contrats au cas où ils poursuivraient la grève. Mais les permanents sont toujours en grève et continuent leur mouvement», ont expliqué les travailleurs. Ils ont affirmé que le premier responsable de l'entreprise a rencontré les travailleurs et a tenté de les rassurer en vue de reprendre le travail. «Il a affirmé qu'il est disposé à revoir nos salaires dans le cadre des négociations de branches ; quant à la retraite, il a dit que c'est une question qui le dépasse», ont ajouté les travailleurs. Les travailleurs de Mobesco ont poursuivi également leur mouvement et dénoncé l'attitude des pouvoirs publics qui ne donnent aucune importance à leur mouvement. En démentant toute information sur la reprise de l'activité, les travailleurs de cette entreprise spécialisée dans l'immobilier affirment que «la reprise ne peut pas intervenir sans qu'une réponse aux revendications ait été donnée». Des milliards de pertes occasionnés La grève entame sa deuxième semaine et les pertes occasionnées dans la production économique nationale sont colossales. Elles sont estimées par les travailleurs grévistes à plusieurs milliards de dinars par jour. «La recette minimale qu'une unité de production doit assurer s'élève à 130 millions de centimes. Les recettes de certaines grandes unités sont évaluées à trois fois plus. Une semaine de grève signifie des pertes inestimables, notamment pour certaines entreprises stratégiques dont l'activité est intense», a expliqué un syndicaliste. Face au mutisme des pouvoirs publics et en l'absence d'une véritable politique de dialogue concrétisée à travers des actions concrètes sur le terrain loin des slogans vides, la grève des travailleurs du secteur industriel algérien se poursuit.