L'Europe entend raffermir davantage ses relations énergétiques avec les pays fournisseurs. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso a, en effet, lancé un appel aux pays européens à "entretenir de bonnes relations énergétiques avec (nos) principaux fournisseurs, dans le cas du gaz, avec la Russie, la Norvège et l'Algérie". Pour le cas de la Russie, il faut souligner que ses relations avec l'Europe ont connu une zone de turbulence au courant de l'année passée. L'Europe avait découvert, en janvier 2006, qu'elle dépendait du gaz russe, et de façon indirecte de l'Ukraine. En effet, faute d'accord commercial entre ces deux pays, la compagnie russe Gazprom décidait, le 2 janvier, de couper les livraisons à destination de l'Ukraine, entraînant en Europe des baisses de l'approvisionnement de 20 à 30%. L'Europe craint-elle, à présent, un scénario bis ? En tout cas, José Manuel Barroso semble travailler pour instaurer une relation de confiance. La sécurité énergétique du Vieux continent n'a jamais été autant évoquée. Partant de là, le président de la Commission européenne, a déclaré, sans ambages, que l'UE "travaille à l'instauration d'un cadre juridique pour l'énergie dans la politique européenne de voisinage, dans lequel la dimension méditerranéenne sera extrêmement importante". Mais, L'Algérie, considérée également comme un des principaux fournisseurs de gaz à l'Europe, voit ses négociations engagées avec la partie espagnole, au stade d'impasse. La révision des prix du gaz tarde à venir de même pour le volet commercialisation du gaz algérien que la Sonatrach compte honorer. Une question que la partie espagnole bloque toujours alors que pour les compagnies européennes leurs activités dans ce domaine se déroulent normalement. Les négociations entamées, il y a deux ans déjà, n'ont pas encore abouti. Face à cette situation, L'Algérie se trouve dans l'obligation de saisir un arbitrage international. Mais les Espagnols - encore une fois - ne semblent pas être chauds pour accepter cette solution. L'Espagne, selon les spécialistes, pratique le principe de deux poids deux mesures et la Commission européenne doit "rappeler (ce pays) à l'ordre". Car l'interdépendance dont a parlé José Manuel Barroso doit être bénéfique à toutes les parties. Ce dernier a, en tout, déclaré que "la dépendance énergétique en soi n'est pas nécessairement un risque. C'est le comportement des fournisseurs qui peut l'être". Pour lui, l'UE a besoin du pétrole et du gaz de ces pays, et eux ont besoin du marché européen. "Cette interdépendance est mutuellement bénéfique tant qu'elle relève du jeu du marché, et non d'une partie d'échec géopolitique". Le président de la Commission européenne a, certes, bien fait de mettre en avant les règles du marché, pourvu qu'elles s'appliquent dans le cas de l'Espagne. Une chose est sûre, l'Europe, comme l'a souligné José Barroso, intensifie actuellement ses efforts pour renforcer les relations énergétiques dans la région euro-méditerranéenne, "notamment par une coopération accrue avec l'Algérie, l'Egypte, les pays du Mashrek et le Moyen-Orient, y compris le Qatar, qui détient d'importantes ressources gazières". En attendant une issue au dossier du prix et de la commercialisation du gaz algérien en Espagne, la forte demande en hydrocarbures continue sa courbe ascendante. Une situation qui inquiète l'Europe, également dépendante des importations. D'ici à 2030 "si rien n'est fait pour infléchir le cours des choses, les importations européennes passeront de 50 à 70 %", a prévenu le président de la Commission européenne.