Tant attendu, le phénomène mondial "Harry Potter", sorti; hier, dans les salles de cinéma en France, pour émerveiller ses fans les plus dévoués, qui attendaient avec impatience pour vivre la fin du voyage et suivre chaque moment de ce dernier chapitre avec les stars qu'on a connues tout petit, et les voilà en pleine apocalypse pour nous présenter l'acte final de cette saga: "Harry Potter et les reliques de la mort 2' : une conclusion en forme de western", et qui, sans doute, va surprendre le public venu à son accoutumée nombreux, pour apprécier chaque moment de cet évènement, dont les élèves de Poudlard devraient y figurer honorablement.Conduit à un train d'enfer, l'affrontement final entre les jeunes sorciers et le seigneur Voldemort conclut énergiquement et violemment l'adaptation de la saga imaginée par l'auteure écossaise sur un coin de table de cafétéria. Si cette conclusion restera inintelligible pour les non-initiés, les autres sont assez nombreux pour assurer le succès du dernier volume.Alors que les trois épisodes précédents, déjà réalisés par le Britannique David Yates, étaient d'un complexe attristant pour les spectateurs fidèles, on retrouve dans ce dernier opus une situation d'une simplicité de western. Harry, Hermione et Ron se sont réfugiés au bord de la mer, les rangs de leurs partisans ont été décimés. Ils réalisent une invasion dans les coffres de la banque Gringottes, tenue par des gobelins, et réussissent un hold-up qui leur donne un avantage suffisant pour tenter de récupérer leur école, passée sous le contrôle de Voldemort. Grâce à l'aide du corps enseignant légitimiste, l'internat de Poudlard revient dans le camp de la justice, mais bientôt assiégé par les forces de Voldemort. Pour les défaire, il faudra résoudre des énigmes, se battre à coups de baguettes, dont les effets sur le corps n'ont pas l'air très différents de ceux des armes à feu. CLARTE NARRATIVE Le scénariste Steve Kloves et David Yates sont des orfèvres en matière de clarté narrative. Ils abattent un travail colossal, mettant en œuvre la mythologie construite en une décennie par J. K. Rowling. Grâce au relief, les jeunes sorciers volent et fuient dans toutes les dimensions de l'espace. La perte de luminosité qu'entraîne la stéréoscopie n'importe guère, l'affrontement final se déroule dans la pénombre. Mais l'émotion réelle que l'on ressent à la vision de HP7.2 ne tient pas tant à la virtuosité du grand spectacle, à la débauche des moyens matériels et numériques mis en œuvre ou à la convocation, désormais rituelle, du ban et de l'arrière-ban des comédiens britanniques qu'à la loi universelle du temps qui passe. Si l'on excepte certaines expériences documentaires, les personnages ne vieillissent pas vraiment au cinéma : les acteurs sont grimés ou bien multipliés au gré des âges du rôle. Le succès du premier film de la série a permis au producteur David Heyman de mener sa troupe de jeunes comédiens jusqu'à l'âge adulte. Les spectateurs assidus ont ainsi l'illusion très forte d'une proximité quasi familiale avec les personnages d'Harry, Hermione et Ron. Au bout du compte, le talent des jeunes comédiens (qui n'est pas négligeable) compte à peine au regard de cette intimité. Les lecteurs ont dû apprendre la vie sans Harry. Ce sera au tour des spectateurs, dont une bonne partie a grandi avec leur héros. Le temps va exercer ses effets non plus sur les acteurs mais sur la réputation de la saga Harry Potter. Dans quinze ans, des critiques de cinéma quadragénaires qui ont connu leurs premiers émois en voyant L'Ecole des sorciers établiront de rigoureux classements qui diront les mérites respectifs d'Harry Potter, du Seigneur des anneaux et de Transformers.