"La manovra lampo" autrement dit le "budget éclair", c'est le nom que la presse italienne à donner au plan d'austérité voté, hier, au sénat, après quarante-huit-heures, 161 parlementaires ont voté "oui", 135 "non" et 3 se sont abstenus , pour qu'enfin le plan d'austérité de 47 milliards d'euros pour arriver à l'équilibre budgétaire en 2014 soit approuvé. Les économies dégagées pourraient dépasser les 60 milliards d'euros, par l'association à une réforme fiscale, qui devrait être discutée dans les prochaines semaines. L'assemblée devrait adopter à son tour ce budget de fermeté au plus tard aujourd'hui. Ce programme augure un processus de privatisations, surtout des sociétés municipales, l'introduction d'un ticket modérateur sur les consultations médicales. Les économies atteindront aussi fortement les collectivités locales et les fonctionnaires dont les salaires et les embauches seront figés. Les mesures sur les retraites ont été en outre durcies avec l'entrée en vigueur, dès 2013, d'une réforme prévoyant d'élever l'âge de départ en fonction de l'espérance de vie et une contribution de solidarité sur les pensions les plus élevées. ENTReE EN FORCE EN 2013 Cependant, le plus important des économies est concentré sur la période 2013-2014, soit après l'actuelle mandature dont la fin est prévue au printemps 2013. Ce calendrier, très critiqué, obéit à un choix politique. Il permettra à l'actuelle majorité de préserver ses chances en se présentant devant les électeurs sans que les effets de la rigueur se soient encore fait sentir complètement. En cas d'échec, ce serait à un gouvernement de centre-gauche d'en assumer la mise en place effective… Le vote ultra rapide a été décidé pour tenter de juguler une contagion à l'Italie de la crise de la dette. L'énorme dette publique de près de 1 900 milliards d'euros (environ 120 % du PIB, 75 milliards d'euros d'intérêt annuels), les tensions entre le ministre des finances, Giulio Tremonti, et le chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, et la croissance atone ont inquiété les marchés. Les taux obligataires ont atteint des records en début de semaine, faisant dangereusement grimper le coût de l'emprunt. L'OPPOSITION SE MONTRE "RESPONSABLE" Face à cette situation, l'opposition a décidé de se montrer "responsable", en se refusant de pratiquer l'obstruction pour ne pas ralentir le travail parlementaire. Alors que M. Berlusconi, lourdement condamné dans l'affaire Mondadori, a paru plus intéressé par ses affaires que par le sort du pays, c'est le président de la république Giorgio Napolitano, ainsi que le directeur de la banque d'Italie et futur président de la BCE, Mario Draghi, qui ont semblé prendre en main les rênes du pays. Ce dernier a indiqué que d'autres économies devraient être faites sous peine "d'augmenter les impôts". Dans son intervention devant les sénateurs, le ministre de l'économie, Giulio Tremonti, dont les liens avec M. Berlusconi se sont considérablement dégradés, a rendu hommage à l'opposition. Mais une partie de ces propos peut également se lire comme une critique implicite du président du conseil, silencieux depuis une semaine, a dit, hier, " le sauvetage ne viendra pas de la finance mais de la politique".