Dans le contexte économique actuel, marqué de plus en plus par la globalisation et la mondialisation, les entreprises algériennes sont condamnées à se doter d'instruments leur permettant de prévoir et anticiper sur les événements. C'est à ce niveau qu'intervient le nouveau facteur du management et qui est l'intelligence économique (IE). Tels que présentés par le docteur Nacer Bouyahiaoui, lors d'une conférence qu'il a animée avant-hier à Tizi Ouzou, dans le cadre des journées portes ouvertes sur l'Institut international de management (INSIM), les défis et les enjeux de cet instrument de veille, l'IE en l'occurrence, sont d'une importance capitale pour toute entreprise, quelle soit du secteur privé ou public, pour qu'elle ne se retrouve pas en marge du nouvel environnement concurrentiel non moins agressif. A partir du moment où l'intelligence économique se traduit par, dira l'expert international Bouyahiaoui, "l'observation et l'analyse de l'environnement scientifique, technique, technologique et économique de l'entreprise pour en détecter les menaces et saisir les opportunités", il est à déduire que "les entreprises qui anticipent ou qui savent saisir ces évolutions peuvent les transformer en opportunités de croissance et d'amélioration de leur position concurrentielle". Les pays développés, explique l'économiste, ont fait de l'intelligence économique le moteur stratégique de leur développement et de leur succès. Pour les firmes internationales, globalisées, a-t-il encore ajouté, cette intelligence économique est un facteur clé de compétitivité et de succès. Ceci laisse suggérer que "l'élargissement des techniques d'IE aux entreprises des pays en développement, peut leur permettre de générer des stratégies adéquates et adaptées aux situations rencontrées, en leur permettant de saisir les opportunités et d'éviter les menaces". Qu'en est-il de l'intelligence économique en Algérie ? A l'heure actuelle, le constat ne peut être que moins optimiste. Les entreprises algériennes comme les institutions ont un énorme retard à rattraper, en effet, pour s'ajuster aux mutations perpétuelles qu'impose le nouvel ordre économique mondial. Sur sa lancée, l'économiste Bouyahiaoui a cité, entre autres exemples, le cas du complexe El-Hadjar qui, estime-t-il, si les instruments d'intelligence économique étaient mis en place, son prix de cession à Mittal Steel aurait été trois ou quatre fois plus important. Car, cette intelligence économique aurait pu anticiper sur l'importance et la croissance du marché mondial de l'acier. Pour que la nouvelle stratégie industrielle, prônée récemment par le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Hamid Temmar, puisse atteindre ses objectifs, le consultant requiert la mise en place de ces instruments de veille stratégique pour pouvoir anticiper sur les événements et ne pas être surpris. L'absence de cette intelligence économique a fait dire également au spécialiste que "l'Algérie a intérêt à renvoyer le plus loin possible son échéance d'adhésion à l'Organisation mondiale du commerce". "Mieux vaut préparer les entreprises algériennes à s'adapter à la nouvelle donne que de les engager dans un cycle de mondialisation où la concurrence est d'une agressivité caractérisée", a-t-il conclu.