La croissance n'est tributaire que d'une intervention accrue de l'Etat, lequel doit pleinement jouir de ses prérogatives et jouer son rôle de régulateur. Aussi, le retour en force du patriotisme économique ne peut que jouer en faveur du développement économique. Dans ce sens l'expert et universitaire, Mourad Preure, a plaidé, lundi dans la soirée, un débat sur les PME algériennes face aux défis de l'intelligence économique, pour la mise en place de politiques publiques devant promouvoir l'intelligence économique. Ce dernier a estimé que l'intelligence économique n'est que l'une des facettes du patriotisme économique, celui-ci n'étant pas un concept à bannir vu qu'il s'agit de préserver les intérêts d'une nation. Il indiquera, à ce titre, que des pays ayant de tout temps prôné le libéralisme économique comme les Etats-Unis, la France ou le Japon, n'hésitent pas à recourir à des mesures protectionnistes pour protéger leurs entreprises. Il citera, à titre d'exemple, les mesures prises par le sénat américain afin de bloquer le rachat d'entreprises américaines qu'il estimait stratégiques par des fonds souverains étrangers. Pour M. Preure, il est donc de l'intérêt de l'Algérie de préserver ses entreprises et qu'il est inconcevable qu'on laisse des groupes nationaux, qu'ils soient publics ou privés, qui apportent de la valeur ajoutée à l'économie nationale, disparaître. Pour l'expert, il est primordial de les encourager et de les protéger comme il est aujourd'hui nécessaire de promouvoir l'émergence de champions nationaux qui entraîneraient derrière eux un vaste tissu de PME, notamment dans la cadre de la sous-traitance ainsi que la mise en réseau d'entreprises par intégration. Et c'est dans ce contexte qu'intervient l'intelligence économique qui doit être l'objet d'une politique publique, notamment dans le cas de l'Algérie, qui nécessite pour sa réussite une "action vigoureuse de modernisation menée sous la (...) supervision de l'Etat en s'inspirant des expériences asiatiques" afin de servir de levier à l'expansion des entreprises algériennes de manière générale. Dans ce sens, l'intervenant insistera sur l'importance que peut constituer la qualité de l'information économique, laquelle permet de réagir, d'anticiper et d'agir sur le cours des évènements dans un contexte mondialisé marqué par la continuité du changement et la compétition. Il a néanmoins reconnu que ces entreprises sont "les moins préparées" pour disposer des instruments nécessaires de protection dans l'arène hautement compétitive de la mondialisation. Il a ainsi plaidé pour la mise en place de systèmes de veille ainsi que le recours au lobbying pour la conquête de marchés extérieurs. Il a également soulevé la nécessité pour les entreprises nationales de s'adapter aux nouvelles donnes de la concurrence, notamment par la mise à niveau et la réhabilitation de leurs capacités managériales et technologiques ainsi que l'anticipation des menaces et opportunités. Aussi, une nouvelle approche proposée par le CNC-PME visant à mettre l'entreprise algérienne "au rythme de l'économie mondiale" a été, en outre, présentée à cette occasion par M. Preure. Cette initiative intitulée "les ateliers du changement" consiste, d'après ses concepteurs, à engager des rencontres entre les professionnels, le mouvement associatif et les universités, afin de mettre toutes ces parties en un réseau d'échanges qui constituera la plate-forme d'un système d'intelligence économique propre à l'Algérie. Les résultats attendus de cette approche portent aussi sur la mutualisation des actions des PME, l'enclenchement d'une dynamique de transformation basée sur les technologies de l'information et de la communication (TIC) des PME en partenariat avec les universités et collectivités locales ainsi que la modernisation du management et de l'organisation des PME.