Les Bourses européennes chutaient une nouvelle fois, hier, dans le sillage des places asiatiques et de Wall Street, une nouvelle tentative de rebond ayant fait long feu avec le recul des cours du pétrole lié à la peur d'une nouvelle récession américaine. Certains analystes et gérants de fonds assurent toutefois que les Bourses pourraient bientôt trouver leur niveau plancher et rebondir. "Le niveau de la prime de risque sur le long terme valorise quelque chose de plus grave qu'un simple ralentissement économique, puisque l'on atteint un niveau proche de ceux touchés au début des années 1980 et la double récession américaine", a commenté Benoît Peloille, stratège actions chez Natixis. L'indice CAC 40 abandonnait 1,29% à 3.084,95 points, après être tombé à 3 043,24 points, après 11 séances consécutives de baisse, du jamais vu. Depuis le 22 juillet, l'indice phare de la place parisienne, qui a enfoncé pour la première fois les 3 100 points depuis le 14 juillet 2009, perd près de 20%. Selon Alexandre Le Drogoff, analyste technique chez Aurel-BGC, le support technique moyen terme du CAC 40 s'est rompu et le prochain seuil se situe à 2 960 points. ENVOLEE DE LA VOLATILIT? Les autres grandes places européennes dégringolent également, Londres et Francfort perdant respectivement de 2,26% et 1,84%. Du côté des indices paneuropéens, l'EuroStoxx 50 cède 1,2% et l'EuroFirst 300 perd 1,9%. Les cours du pétrole perdent encore plus de deux dollars le baril. Le brut léger américain chute de 2,96% à 78,90 dollars le baril et le Brent se rapproche des 100 dollars, en baisse de 2% à 101,60 dollars. Les incertitudes demeurent et l'annonce du chiffre de la productivité trimestrielle des entreprises américaines sera très surveillée, prévient Saxo Banque dans une lettre électronique, estimant qu'un chiffre en contraction enfoncerait un peu plus l'économie américaine vers la morosité. En la matière, les économistes et analystes interrogés par Reuters anticipent une baisse de 0,8% de la productivité au deuxième trimestre. "On assiste à une dégradation significative de la macroéconomie aux Etats-Unis tandis qu'en Europe on reste empêtré dans la crise de dette souveraine", ajoute Benoît Peloille. L'INTERVENTION DE LA BCE A RASSURE… BRIEVEMENT Pour la zone euro, la Banque centrale européenne a partiellement atténuée ces craintes lundi en rachetant deux milliards d'euros d'obligations italiennes et espagnoles, selon des traders. Mais selon une enquête menée par Reuters auprès de gérants de fonds, la BCE devrait racheter au moins 100 milliards d'euros de titres espagnols et italiens pour renforcer une zone euro en pleine difficulté. Reflet de la fébrilité des marchés, l'indice de volatilité VDAX-NEW bondit de plus de 15% et atteint son plus haut niveau depuis deux ans et demi. Comme le laissait entendre le communiqué commun d'Angela Merkel et Nicolas Sarkozy publié dimanche soir, la Banque centrale européenne est passée à l'action, dès hier matin. La BCE a racheté des obligations italiennes et espagnoles. Un bol d'air pour Rome et Madrid, qui ont ainsi vu leurs taux d'intérêt repasser sous la barre des 6%. " Ce geste était très attendu par les investisseurs", souligne Andrea Tueni, analyste marchés chez Saxo Bank. Mais les investisseurs doutent encore de la réelle cohésion des dirigeants européens. TOUJOURS PAS DE CONSENSUS EN EUROPE Malgré la multiplication des appels pour augmenter les moyens du Fonds européen de stabilisation financière (FESF), l'Allemagne continue de faire cavalier seul. Le Fonds doit "rester comme il est ", a martelé hier Berlin, tandis que le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, ont appelé, eux, à " réévaluer " ce fonds. LE SPECTRE D'UNE RECESSION AMERICAINE Au-delà du problème des dettes souveraines européennes, la menace d'une rechute de l'économie américaine inquiète de plus en plus. " Les indicateurs économiques sont très mauvais. Après celle de 2008, on redoute une crise 2.0, et que la question des dettes publiques mondiales ne pèse sur la reprise ", note Andrea Tueni, de Saxo Bank. Même crainte chez Renaud Murail, gérant chez Barclays Bourse, qui évoque un " risque systémique ". " Les investisseurs ont de plus en plus l'impression que l'on va, au-delà de la crise financière, vers une probable répétition d'un dysfonctionnement paralysant l'ensemble du système financier dans le monde entier, par le biais des engagements croisés, première étape avant des faillites en chaîne. Cela auto-entretient le vent de panique qui souffle sur les marchés. "