Le régulateur financier américain s'inquiète de la liquidité des banques européennes, selon le Wall Street Journal. De quoi déclencher une nouvelle panique sur les marchés. Sur des marchés aussi nerveux, il y a des mots qui reviennent à agiter le chiffon rouge lorsqu'on les prononce. En rapportant ce jeudi que le régulateur financier américain s'inquiétait de la liquidité des banques européennes, le Wall Street Journal a déclenché un nouvel accès d'hystérie sur les valeurs bancaires. Si les banques françaises, en particulier la Société générale, avaient été stigmatisées la semaine dernière, la tempête boursière n'a pas fait de quartier hier. La britannique Barclays a plongé de 11,5 %. Sa compatriote HSBC a perdu près de 6 %, un peu moins que l'allemande Deutsche Bank ou encore l'italienne UniCredit. À Paris, BNP Paribas et Crédit agricole se sont repliées de quelque 7 %, tandis que la Société générale dévissait de 12,3 %. La franco-belge Dexia a, quant à elle, perdu près de 14 % de sa valeur en Bourse. Après l'ouverture de Wall Street, les banques américaines ont suivi la même glissade. Selon le Wall Street Journal, la Fed de New York, le régulateur financier de Wall Street, met la pression pour que les filiales américaines des banques européennes renforcent leur coussin de liquidités. Histoire de sécuriser leur bilan au cas où leur maison mère aurait des problèmes. La plupart des banques européennes présentes outre-Atlantique ne disposent pas de réseaux leur assurant un financement local. De ce fait, l'accès aux ressources en dollars peut se révéler compliqué pour ces acteurs. Une banque européenne non identifiée a ainsi emprunté 500 millions de dollars mercredi auprès de la Banque centrale européenne. LA QUETE DU DOLLAR Lors de la crise de 2008-2009, les banques européennes avaient largement tapé au guichet de la BCE pour obtenir force billets verts destinés à alimenter leurs activités de trading ou de prêts aux Etats-Unis. On est encore loin des niveaux d'alors. En mai 2010, la Fed et la BCE ont remis en place ces tuyaux essentiels leur permettant de s'échanger leurs devises. Depuis le début de la crise de la dette souveraine en Europe, la grande inquiétude est qu'elle dégénère en crise de liquidité bancaire. Autrement dit que l'aversion au risque s'exacerbe au point que les banques ne trouvent plus de fonds pour se financer, comme ce fut le cas en 2008 après la chute de Lehman. De ce côté, les signaux ne sont guère positifs. Pour beaucoup de banques espagnoles ou de petites banques européennes, la BCE est ainsi devenue l'unique moyen de financement. Ces derniers mois, les fonds monétaires américains ont commencé à se désengager des banques européennes. La semaine dernière, la crainte que les institutions chinoises leur emboîtent le pas avait relancé la panique sur les valeurs bancaires. Le problème, c'est que les marchés ne sont pas les seuls à douter. Les régulateurs aussi s'inquiètent, et pas seulement aux Etats-Unis. Londres, Paris ou Milan se livrent à la même bagarre. Se rappelant comment Lehman a siphonné trois jours avant sa faillite toutes les liquidités de ses filiales en Europe pour les rapatrier aux Etats-Unis, chaque juridiction défend chèrement ses intérêts. "On assiste à une surenchère des régulateurs", relate un banquier.