Le gros porteur d'Airbus fait une halte pour tester les infrastructures du plus grand aéroport international en France. Des tests menés en conditions réelles. Ce n'est pas la première fois que l'Airbus A380 quitte sa base de Toulouse pour effectuer des tests de compatibilité aéroportuaire. Le nouveau géant du ciel a notamment posé ses roues à New York et à Los Angeles, en mars dernier. Ce qui n'a jamais été fait en revanche, c'est la simulation d'une escale commerciale afin d'évaluer les capacités de Roissy-Charles-de-Gaulle à gérer un important flux de passagers et leurs bagages. Avec son double pont, l'A380 peut en effet accueillir entre 550 et 800 personnes à bord, ce qui requiert donc une logistique spécifique. Que ce soit Aéroports de Paris (ADP), Airbus bien sûr et Air France-KLM, tous les acteurs techniques et commerciaux sont impliqués dans ces trois jours de tests. À la page du vendredi 1er juin, sur l'agenda de l'opération "Batman", baptisée ainsi par les Aéroports de Paris, figure d'abord un atterrissage à 12h30, suivi d'un baptême sous les lances à incendie des pompiers de l'aéroport, comme le veut la tradition pour un nouvel avion. Puis, le roulage jusqu'au point de parking, dont l'objectif est d'évaluer le bon dimensionnement des zones de circulation. Plusieurs axes ont été élargis pour éviter que les réacteurs de l'A380 ne passent au-dessus des parties herbeuses notamment. Parmi les autres tests prévus entre vendredi et dimanche, le traitement d'escale appliqué pour tout vol commercial. En moins de 90 minutes, le défi à relever consiste à amener les trois passerelles d'accès, débarquer les passagers, décharger les bagages, nettoyer la cabine, la préparer pour le vol suivant, faire le plein de kérosène et embarquer les nouveaux passagers. Comme pour un appareil classique, plusieurs tâches de manutention figurent au programme. Le personnel des zones de parking par exemple doit évaluer de nuit l'éclairage de l'aire de stationnement de l'A380 pour garantir les conditions de sécurité autour de l'appareil, que ce soit pour des interventions mécaniques, le chargement en soute ou l'avitaillement. Parmi les différents tests purement techniques, des essais de dégivrage des moteurs. Un paradoxe au mois de juin. C'est en tout cas l'occasion de vérifier que les machines dédiées à cette opération sont parfaitement adaptées à la taille du monstre aérien. Pour que l'Airbus puisse atterrir à Roissy-Charles-de-Gaulle, ADP dit avoir investi près de 100 millions d'euros. Avec un tel avion, d'une envergure de 80 mètres et haut comme un immeuble de 7 étages, il a fallu adapter et développer les structures existantes. Seules les salles d'embarquement des terminaux 2F et 2E pourront accueillir jusqu'à six A380 grâce à leurs passerelles spécialement conçues pour débarquer les passagers des ponts inférieur et supérieur de l'avion. Après cette escale technique française de 3 jours, le géant d'Airbus n'en aura pas fini pour autant avec les tests. L'A380 sera au Japon pour deux jours, du 4 au 6 juin. Direction ensuite l'Australie, jusqu'au 8 juin, avant un nouvel arrêt de deux jours à Taipei, à Taïwan. Cinq mois plus tard, l'avion effectuera son "lâcher" commercial, comme disent les pilotes. C'est effectivement en octobre 2007 qu'un A380 aux couleurs de Singapore Airlines effectuera un premier vol avec de vrais passagers. Pour Air France, il faudra attendre l'été 2009.