Le transporteur américain, Delta Airlines, a confirmé la rumeur qui circulait depuis quelques jours en annonçant une commande ferme pour une centaine d'appareils Boeing 737-900ER. Les appareils, destinés à remplacer les plus vieux 757, 767 et A320, seront tous livrés entre 2013 et 2018. La valeur de la commande est évaluée à 8,5 milliards $US au prix catalogue. Ainsi, Delta deviendra le deuxième plus important opérateur de 737-900ER après Lion Air et devant Continental Airlines. " Le 737-900ER est l'avion idéal pour remplacer des avions plus vieux et moins efficaces dans notre flotte de monocouloirs ", a déclaré le président de Delta, Ed Bastian. " La fiabilité et l'efficacité énergétique sont des facteurs directs de notre performance financière. Le 737-900ER est un avion fiable avec la plus faible consommation de carburant de notre flotte domestique. " POURQUOI AIRBUS A PERDU LA COMMANDE DELTA C'est l'un des solides PowerPoint préférés de John Leahy, le directeur commercial d'Airbus. Une photo du dernier B757 livré à Everett par Boeing, le 28 avril 2005, et une légende en caractères gras : "L'A321 NEO est le remplaçant idéal pour le B757." Tom Enders, le patron de l'avionneur, estimant même à 30% la différence de consommation entre les deux modèles, on pensait l'A321 NEO grand favori dans la course au remplacement des centaines de B757 des compagnies américaines. Erreur : le constructeur américain Delta vient de signer une commande de 100 B737-900ER, le concurrent d'Airbus sur le segment, un appareil capable de transporter jusqu'à 220 passagers en aménagement mono classe, et d'une portée de plus de 6000 km en l'équipant de réservoirs auxiliaires. DES AVIONS DISPONIBLES RAPIDEMENT Pourquoi Airbus a-t-il perdu cette commande ? Un, parce que le B737 est loin d'être l'appareil mourant désigné par certains. Outre les qualités indéniables de l'avion, la problématique des créneaux de livraison disponibles le sert aussi parfois : selon l'analyste Scott Hamilton, du cabinet Leeham, la décision en faveur de Boeing est en grande partie due à la possibilité de se faire livrer les B737 d'ici à 2018, une exigence forte de Delta, alors que l'A321 NEO ne pouvait être livré qu'à partir de 2019, soit deux ans après son entrée en service. BOEING A-T-IL AUSSI FAIT UN EFFORT COMMERCIAL ? Boeing peut également s'appuyer sur un prix inférieur (105,9 millions de dollars pour l'A321 NEO, 99,7 millions pour l'A321 "Classic" et 85,8 millions pour le B737-900). Le critère du prix est évidemment à nuancer: ces prix catalogue sont très théoriques, et ne prennent pas en compte la remotorisation du B737, annoncée par Boeing le 20 juillet, qui risque de faire grimper la facture de l'avion, à la fois pour lui et pour ses clients. Mais Boeing, après le coup de semonce de la commande géante d'American fin juillet qui a marqué l'irruption d'Airbus dans sa chasse gardée, est peut-être enclin à faire plus d'efforts sur ses prix. "Boeing était moins cher sur ce coup là", assure Scott Hamilton. L'annonce doit de toute façon être relativisée. Airbus a déjà fait un gros coup en attirant American dans ses filets, il ne peut pas gagner toutes les compétitions. Et cette commande n'est que partielle: une centaine d'autres appareils, de plus petite taille doit être commandée par Delta: le bras de fer sera alors élargi, au-delà d'Airbus et Boeing, au canadien Bombardier, avec sa nouvelle gamme de moyen-courriers C Series de 100 à 149 sièges, qu'on dit très bien placé, voire au brésilien Embraer avec son E195. Encore une belle bataille en perspective.