Les grandes puissances du G8 et les organisations internationales ont annoncé, avant-hier, à Marseille, leur intention de doubler leur aide financière au "printemps arabe", promettant de débloquer rapidement un soutien qui tarde à se concrétiser. Les ministres des Finances du G8, se sont engagés à verser 40 milliards de dollars à la Tunisie, à l'Egypte, au Maroc et à la Jordanie sur la période 2011-2013 et ont déclaré que le Conseil de transition au pouvoir en Libye serait invité à s'associer à ce programme. Selon les mots de la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde, il s'agit de "soutenir et accompagner un mouvement historique de transformation profonde de toute une région du monde". Les institutions multilatérales ont promis de doubler leur aide par rapport aux annonces de Deauville à 38 milliards de dollars (dont dix de la Banque mondiale, 7,6 de la Banque africaine et de développement et 7,5 de la Banque européenne d'investissement), selon la déclaration finale de Marseille. Comme envisagé, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement en Europe (Berd), créée pour venir en aide aux Etats d'Europe centrale et orientale après la chute du mur de Berlin, devrait désormais prêter son concours aux pays du pourtour méditerranéen. Cet engagement, qu'elle doit confirmer d'ici la fin du mois, devrait lui permettre d'aider les pays arabes, notamment leur secteur privé, à hauteur de 2,5 milliards d'euros par an. Elle passerait ainsi de 20 milliards annoncés en mai à quelque 40 milliards de dollars. Toutes ces annonces ne prennent pas en compte les ressources qui pourraient être mises à disposition par le FMI, soit au total des prêts pour 35 milliards de dollars pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Les membres du Partenariat de Deauville ont salué les plans d'action présentés par les quatre Etats arabes, qui "démontrent une volonté claire et partagée d'oeuvrer à une prospérité accrue pour les peuples concernés". Depuis mai, les promesses du G8 ont tardé à se concrétiser et la frustration a grandi dans les pays concernés. "Nous comprenons cette frustration, il y a un retard à l'allumage", a dit un délégué d'une institution financière. Mais les bailleurs de fonds "doivent bien comprendre quels interlocuteurs ils ont en face" et ont besoin, en contrepartie de leur aide, de détails sur les réformes envisagées par les gouvernements arabes, a-t-il expliqué. Bien qu'aucun calendrier précis n'ait été fixé, François Baroin a jugé que les fonds devaient être "décaissés dans les meilleurs délais". "Ce ne sont pas des paroles c'est du concret, c'est du rapide", a insisté le ministre français.