Les leaders des huit nations les plus industrialisées du monde se réuniront, aujourd'hui et demain à Deauville (France) pour débattre des sujets «sensibles» qui ont marqué le premier semestre de 2011. Comme les «révoltes» arabes, la lutte antiterroriste post- Ben Laden et la catastrophe nucléaire. L'avenir du Fonds monétaire international (FMI) sera, par ailleurs, un autre dossier à leur menu. Le «printemps arabe» sera incontestablement, au centre des débats. Après les soulèvements populaires qui ont balayé les régimes tunisien et égyptien, la rébellion menace le colonel libyen Mouammar Kadhafi et la contestation bat son plein en Syrie, il s'adjugera la part du lion. Les Etats-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, la France, l'Italie, le Japon et la Russie tenteront de s'entendre sur une «feuille de route» pour soutenir les pays qui ont déjà franchi le pas vers la «démocratie», comme la Tunisie et l'Egypte. Pour leur première réunion depuis le début des événements dans le monde arabe, les dirigeants du G8 comptent apporter un appui massif à ces deux transitions et chercheront à s'entendre sur des pistes de sortie de crise pour la Libye et la Syrie. Pour ce faire, les grandes puissances prévoient un plan d'aide pour secourir la Tunisie et l'Egypte, qui espèrent une aide financière cruciale évitant ainsi à leurs fragiles transitions politiques de sombrer dans le chaos. Face à un secteur de tourisme à l'agonie, une croissance au ralenti, une inflation et un chômage en hausse, l'heure est à l'inquiétude sur le front économique. Les deux pays ont chiffré leurs besoins, entre 10 à 12 milliards de dollars pour le Caire jusqu'à la mi-2012 et 25 milliards de dollars sur cinq ans pour Tunis. Des négociations sont en cours entre l'Egypte et le FMI pour 3 à 4 milliards. M. Obama a déjà annoncé l'effacement de 1 milliard de dollars de dette de l'Egypte, assorti d'un nouveau crédit de 1 milliard. Londres et Washington ont prévu de promouvoir un «programme de soutien» politique et économique pour appuyer les réformes au monde arabe. La Banque mondiale s'apprête, quant à elle, à débloquer jusqu'à six milliards de dollars de financements pour les deux pays, sous réserve d'une poursuite des réformes. Nicolas Sarkozy qui ne désespère pas de replacer son pays dans le monde arabe dit œuvrer pour faire de Deauville le «moment fondateur» d'un nouveau «partenariat de longue durée» entre les pays arabes qui soutiennent la démocratie et le G8. Le soutien aux réformes démocratiques et l'invitation de la Tunisie et l'Egypte au Sommet du G8 sont un message, selon l'Elysée, à la Syrie et la Libye. Paris cherche le consensus sur ces dossiers, notamment avec la Russie, qui s'est clairement opposé aux méthodes occidentales dans la résolution de ces deux conflits. Le G8 qui «ne doit pas se transformer en un organe proposant des mesures de pression et des sanctions» a, néanmoins, averti la présidence russe. Le processus de paix au Proche Orient sera aussi sur la table. Américains, Européens et Russes tenteront de trouver une solution pour débloquer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, à l'approche en septembre de l'Assemblée générale annuelle de l'Onu. Lassés, les Palestiniens comptent y faire déclarer la création de leur Etat, contre l'avis des Etats-Unis et d'Israël. Deauville permettra d'évoquer aussi la succession de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI. La ministre française des Finances, Christine Lagarde, largement favorite, a annoncé sa candidature. Enfin, le dernier invité de ce sommet sera Fukushima. Le Premier ministre japonais, Naoto Kan tentera de convaincre ses partenaires du G8 que le Japon réussira à résoudre la plus grave catastrophe nucléaire depuis 25 ans.