Des dizaines de milliers de manifestants étaient massés, hier, sur trois kilomètres dans les rues de Sanaa d'où la police s'est retirée, au lendemain de la répression d'une marche réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh. Tôt dans la matinée, des milliers de personnes ont marché de la place du Changement, épicentre de la contestation depuis février, jusqu'à la rue al-Zoubeiri où ils ont rejoint des milliers d'autres contestataires qui y ont passé la nuit sous des tentes, selon des témoins. A leur arrivée, des heurts ont opposé un groupe de protestataires à des policiers et des partisans armés du régime, sans faire de victime, a-t-on ajouté. Ces heurts ont eu lieu non loin des bureaux du fils aîné de Ali Abdallah Saleh, Ahmed, commandant de la Garde républicaine, corps d'élite de l'armée, fidèle au chef de l'Etat. En milieu de journée, des snipers tiraient depuis les toits de bâtiments sur la place du Changement, faisant plusieurs blessés, selon des témoins. La Garde républicaine s'est déployée massivement sur le secteur ouest de la rue al-Zoubeiri, où les forces de sécurité, quasiment invisibles dans la matinée, ont également refait leur apparition, selon des habitants. 6 civils tués par des snipers et forces de sécurité à Sanaa Six civils ont été tués, hier, par des tirs de snipers et des forces de sécurité à Sanaa, au lendemain de la répression d'une marche réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh qui a fait 26 morts, ont rapporté des témoins. Deux manifestants ont aussi été tués et des dizaines d'autres blessés par balles à Taëz, grande ville au sud-ouest de Sanaa, dans des affrontements avec les forces gouvernementales, selon des sources médicales. A Sanaa, trois civils circulant sur une rue jouxtant la place du Changement, épicentre de la contestation, ont été mortellement atteints par des tirs de snipers postés sur des toits d'immeubles, selon les témoins. Sur la rue al-Zoubeiri, située trois kilomètres plus loin et où des dizaines de protestataires campent depuis, avant-hier soir, trois manifestants ont été tués dans des affrontements avec les forces de sécurité et des partisans armés du régime, a-t-on ajouté de mêmes sources. Des explosions ont été entendues dans ce secteur, où la Garde républicaine, corps d'élite de l'armée, dirigée par le fils aîné du président contesté, s'est déployée massivement en milieu de journée, selon des habitants. Des manifestants qui campaient sur la place du Changement où ils observaient depuis février un sit-in pour réclamer le départ du président Saleh, ont marché, avant-hier, sur trois kilomètres jusqu'à la rue al-Zoubeiri, défiant les forces de sécurité. Ces forces ont tiré à balles réelles, à l'arme automatique et fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogène, tuant 26 manifestants et blessant des centaines d'autres, selon des sources médicales. Un appel à de nouvelles marches à Sanaa et dans les autres villes du Yémen a été lancé par le comité d'organisation de la révolution des jeunes. Dans un communiqué, le comité a appelé, avant-hier soir, les Yéménites à poursuivre leur mouvement pacifique jusqu'à la chute de ce qui reste du régime. Au pouvoir depuis 1978, le président Saleh fait face depuis janvier à un mouvement de contestation qui a fait plusieurs centaines de morts. En convalescence à Ryad où il a été hospitalisé le 4 juin au lendemain d'une attaque contre son palais à Sanaa, M. Saleh a chargé en début de semaine son vice-président de négocier avec l'opposition un transfert du pouvoir.