Les prix du pétrole se repliaient, avant-hier, en fin d'échanges européens, au lendemain d'un spectaculaire plongeon de plus de 5 dollars, sur un marché toujours nerveux et volatil, pénalisés par la crise en zone euro et les vives inquiétudes pour la demande mondiale. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre s'échangeait à 104,78 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 71 cents par rapport à la clôture la veille. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de light sweet crue (WTI) pour la même échéance perdait 34 cents à 80,17 dollars. Les cours du baril creusaient leurs pertes, tombant à leur plus bas niveau depuis plus d'un mois, après avoir enregistré la veille une prodigieuse dégringolade (de 5,41 dollars à New York et de 4,87 dollars à Londres). Le rebond des cours ce matin aura été très éphémère, commentait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden. La nervosité et l'incertitude continuent de dominer les marchés, alors que le système financier dans son ensemble vacille face à la crise des dettes souveraines européennes et aux perspectives macroéconomiques très sombres aux Etats-Unis, ajoutait-elle. Les dirigeants du G20 se sont engagés jeudi à Washington à soutenir la croissance vacillante et les banques affaiblies, par une réponse internationale forte et coordonnée, mais faute de décision concrète et immédiate, leur communiqué à peine à convaincre les investisseurs. Alors que se multipliaient déclaration et rumeurs de marchés contradictoires sur la recapitalisation des banques européennes fragiles ou un possible soutien de la BCE aux établissements en difficulté, les investisseurs continuent de délaisser les actifs à risque et donc le marché du pétrole, notait Mme Sokou. La situation d'ensemble reste très instable, comme en témoigne la rechute des prix des métaux de base, qui s'étaient déjà effondrés la veille, confirmait Philip Petersson, analyste de la banque suédoise SEB. De fait, les craintes d'un ralentissement de la croissance mondiale - et donc de la demande énergétique - avaient été exacerbées jeudi par des commentaires pessimistes de la Réserve fédérale américaine (Fed) et l'annonce d'une contraction de l'activité manufacturière en septembre en Chine, deuxième pays consommateur de pétrole brut dans le monde. Sur le front de l'offre, l'annonce d'une reprise de la production pétrolière libyenne à hauteur de 500.000 barils dès octobre, c'est-à-dire bien plus tôt que ce qui était attendu, a pu également contribuer à la chute des prix du baril, estimaient les experts de Commerzbank. Enfin, le dollar, qui s'était envolé jeudi à son plus haut niveau depuis janvier face à l'euro, restait quasi stable, avant-hier: son net renchérissement sur la semaine rendait encore moins attractifs les achats de pétrole, libellés dans la monnaie américaine, et pesait donc sur les prix du baril.